Petit bréviaire du vin et de l’ivresse : l’art de boire et de lire

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Claudine Brécourt-Villars nous convie, de A à Z, à un voyage littéraire et sensoriel où chaque mot célèbre le vin et sa place dans la culture française.

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Petit bréviaire du vin et de l’ivresse ou les beaux mots de Claudine Brécourt-Villars

Les jeudis littéraires d’Aymen Hacen

Dédié à Jean-Louis Lacordaire, dont on ignore tout, le savoureux Petit bréviaire du vin et de l’ivresse, paru en septembre dernier aux éditions de La Table Ronde, part de deux épigraphes. D’une part, Rabelais, qui, par l’entremise de Bacbuc, la gardienne de la bouteille, déclare : « Boire est le propre de l’homme, boire vin bon et frais, et de vin, divin on devient. » D’autre part, Colette qui lance ce merveilleux impératif : « N’éloignez pas les novices de la connaissance et du plaisir du vin par l’usage d’un vocabulaire réservé aux seuls initiés : parlez simplement de vos vins. »

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Petit bréviaire du vin et de l’ivresse : l’art de boire et de lire

Petit bréviaire du vin et de l’ivresse : Claudine Brécourt-Villars et la langue qui trinque

De ce point de vue, le dédicataire de ce nouvel opus de Claudine Brécourt-Villars est à coup sûr une personne somptueuse qui mérite l’hommage, si sobre soit-il, qui lui est ici rendu. De fait, si, à travers Muss suivi de Le Grand Imbécile, (La Table Ronde, coll. « Quai Voltaire », mars 2012), nous finissons par croire, avec Curzio Malaparte, que « le rire est civilisateur », alors nous ne pouvons qu’emboîter le pas à Claudine Brécourt-Villars, en adoptant ce grand Petit bréviaire du vin et de l’ivresse comme modèle en la matière, c’est-à-dire afin de développer à la fois notre goût du vin et de la langue, la littérature et la civilisation françaises. Aussi s’agit-il du « vin civilisateur » tant loué par le regretté Jean-Claude Pirotte, aussi bien dans d’innombrables poèmes que dans des ouvrages substantiels à l’instar d’Ange Vincent, Les contes bleus du vin ou encore La pluie à Rethel.

Certes, nous regrettons l’absence de l’auteur d’Absent à Bagdad de ce bréviaire, mais nous abondons dans le sens de Claudine Brécourt-Villars dont les choix sont plus que judicieux. Ainsi, de A comme l’expression « À bon vin point d’enseigne » à Z comme « Zinc », nous voyageons au fil des mots, des siècles et des textes, pour, justement, nous abreuver de cette immense culture littéraire et humaine qui caractérise l’autrice de Mots de table, mots de bouche, Du couvent au bordel et Éros, tous parus à La Table Ronde.

Dans son « Avant-propos », Claudine Brécourt-Villars écrit tout en s’interrogeant : « Le vin fait partie de la culture française. Nous utilisons souvent des formules et des expressions l’évoquant, mais savons-nous toujours d’où elles viennent et ce qu’elles veulent vraiment dire ? »

Oui, le présent volume défend et illustre les deux phrases qui précèdent, aussi bien la déclarative que l’interrogative. Celles-ci nous comblent davantage : « L’alcool érotise les Lettres françaises : un vin a “de la cuisse”, on est “porté sur la blonde”, ou on “dépucèle une bouteille”… Il irrigue les chansons à boire, comme Je suis pocharde d’Yvette Guilbert, en 1895, et Apollinaire le choisit délibérément comme titre de son recueil majeur en 1913. »

Ces références vont se multiplier au fils des pages et des entrées. Et Claudine Brécourt-Villars de préciser : « Chaque entrée est illustrée par deux ou trois citations littéraires puisées chez plus de deux cents auteurs. Parmi eux les classiques ― Molière, Beaumarchais, Balzac, Zola, Dumas, Colette ―, les contemporains, sans oublier les regrettés Alphonse Boudard, René Fallet et Raymond Queneau. »

Outre les citations riches et variées, ce sont les définitions proposées par l’autrice que nous aimerions louer. Simples, pertinentes et intelligentes, ces définitions témoignent d’un profond sentiment de la langue. Tout y est : recherche étymologique et historique, usages divers, évolution et actualité. Tout cela en quelques lignes, synthétiques, méthodiques et sympathiques. En effet, Petit bréviaire du vin et de l’ivresse peut être lu dans tous les sens, en picorant, en s’y attelant religieusement, discontinûment, continuellement, de A à Z, en sautant des lettres et des entrées, en les mélangeant, en les faisant se brouiller, enfin à toutes les sauces, comme il se doit avec un bon vin.

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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