Oum Kalthoum : Une voix intemporelle qui résonne 50 ans après

Musique
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Oum Kalthoum – Le mythe de l’Astre de l’Orient
Une voix intemporelle qui résonne 50 ans après

Par Monia Boulila

Le 3 février 2025 marque le 50ᵉ anniversaire de la disparition de la cantatrice Oum Kalthoum, une icône incontestée de la musique arabe. Née sous le nom de Fatma Ibrahim El-Sayed El-Beltagui dans un petit village du delta du Nil entre 1898 et 1900, cette artiste visionnaire est devenue « l’Astre d’Orient », un surnom qui illustre l’éclat de sa carrière.

OUM KALTHOUM
Oum Kalthoum, plus qu’une chanteuse, était une figure culturelle et sociale. Sa voix puissante, ses performances inégalées et son engagement ont fait d’elle une légende dont l’écho résonne encore aujourd’hui dans le monde arabe et au-delà.

Une enfance ordinaire, une ascension extraordinaire

Dès son plus jeune âge, Oum Kalthoum mémorise le Coran et apprend les chants religieux auprès de son père, qui l’intègre rapidement à ses cours. Déguisée en garçon pour contourner les normes sociales, elle chante dans des cercles locaux avant d’être remarquée.

Oum Kalthoum a commencé sa carrière artistique à l’âge de dix ans lorsqu’un jour, son père l’entendit chanter, il la déguise en garçon (avec Abaya et Agal) afin de lui permettre de chanter avec la troupe d’enfants qu’il dirige. Fan d’Abou Al-Ala Mohamed (chanteur et compositeur), la jeune Om Kalthoum allait chez l’Omda de son village pour écouter ses chansons enregistrées sur le phonographe. Elle apprend ses chansons et les répétait inlassablement.

En 1916, accompagnée de son père, elle fit la rencontre des cheikhs Zakaria Ahmed (compositeur et joueur du luth) et Abou Al-Ala Mohamed (chanteur et compositeur). Très enchantés par cette rencontre, Oum Kalthoum et son père invitent les cheikhs pour le déjeuner. Séduit par son interprétation du morceau Le soupirant trahi par ses yeux (Al-Sab Tafdahuhou Ouyounoh), cheikh Abou Al-Ala Mohamed l’encourage à passer du chant religieux au chant profane, lui apprend la musique et le goût des mots et lui compose des chansons.
Convaincus du talent de la jeune chanteuse, Abou Al-Ala Mohamed et Zakaria Ahmed persuadèrent Oum Kalthoum et son père de quitter leur village pour s’installer au Caire. En 1922, la famille franchit le pas, marquant un tournant décisif dans la carrière d’Oum Kalthoum et dans l’histoire de la musique arabe.

Au Caire, deux rencontres ont déterminé sa carrière, celle du poète Ahmed Rami qui va l’accompagner durant toute sa vie et du compositeur Mohamed El Qasabji,  virtuose du luth, qui va la préparer artistiquement et former pour elle son premier ensemble instrumental (takhte). Elle abandonna alors l’Abaya et l’Agal pour porter des vêtements modernes.

En 1926, elle signe son premier contrat avec Gramophone Records. Ses premiers enregistrements se vendent par milliers.
Elle gagne une renommée régionale et internationale grâce à ses tournées et concerts retransmis par radio. Dans les années 1930, Oum Kalthoum fait évoluer son ensemble musical « Takht » en un orchestre oriental. Au fil du temps, cet orchestre s’enrichit de nouveaux instruments, et à partir des années 1960, il intègre la guitare, le piano, l’accordéon, le saxophone et l’orgue.
Elle devient une icône, alliant une voix puissante à une présence scénique marquée par son fameux foulard de mousseline à la main accessoire emblématique.

Oum Kalthoum : Une voix intemporelle qui résonne 50 ans après
En grande professionnelle elle ne laissa rien au hasard. Elle produit elle-même ses concerts, sélectionne ses musiciens pour l’accompagner sur scène, et choisit les acteurs ainsi que les techniciens pour ses films. Dans les années 1940, elle devient membre influent du Comité d’écoute des émissions radiophoniques et est élue à la tête du syndicat des musiciens.

Oum Kalthoum s’est mariée tardivement dans sa vie. En 1954, elle épousa le docteur Hassan El Hefnawi, un dermatologue réputé en Égypte à l’époque. Leur mariage dure jusqu’à la fin de la vie d’Oum Kalthoum, mais ils n’eurent pas d’enfants.

Les collaborations majeures

Le succès d’Oum Kalthoum repose en grande partie sur des collaborations artistiques qui ont marqué l’histoire de la musique arabe. Parmi ses partenaires les plus influents, le poète Ahmed Rami qui a occupé une place de choix. Fasciné par sa voix unique, il écrit plus de 130 chansons pour elle, mêlant poésie classique et thèmes modernes. Rami ne se contente pas de lui fournir des textes, il joue également un rôle essentiel dans son éducation littéraire, il l’initie à la poésie arabe, depuis l’époque préislamique (El Jahili) jusqu’aux courants classiques et modernes notamment la poésie de Nizar Kabbani, et l’initie aussi à la littérature française. Leur collaboration, teintée d’une profonde admiration, est le socle de nombreux chefs-d’œuvre d’Oum Kalthoum.
Elle collabore aussi avec d’autres poètes comme Bayram Ettounssi, Ahmed Shafiq Kamel, Ahmed Chawki et bien d’autres.

Sur le plan musical cinq compositeurs ont marqué la carrière de la dame du chant arabe : Al-Qasabji, Zakaria Ahmed, Riad Al-Sunbati, Mohamed Abdel Wahab, et Baligh Hamdi.

Mohamed Al-Qasabji est le premier, de ces cinq, qui a collaboré avec elle. Il entreprit de la préparer artistiquement et forma pour elle son premier ensemble instrumental (takhte). Et lui ouvre le Palais du théâtre arabe, l’occasion pour Oum Kalthoum de faire ses premiers grands succès.
Parmi les chansons composées par Al-Qasabji :  Le cœur de l’amoureux a fondu (Rae El habib) / J’ai pris ta voix de mon âme (akhathti saoutek min rouhi) / O Bonjour (ya sabeh elkair) / Tant que tu aimes (Madem thib).

Zakaria Ahmed a également marqué la carrière d’Oum Kalthoum. Entre 1931 et 1939, il lui a composé neuf « adwar ». Il lui a aussi composé de nombreuses chansons de ses films notamment « les fleurs sont belles » (El Ward Gamil), « Chante-moi un peu » (Ghanili Chiwaya).
Dans les années 1940, il lui a composé plusieurs longues chansons classiques qui sont devenues des jalons marquants de son parcours, comme Les Gémissements (El Ahat), Je t’attends (Ana fi intitharek), L’espoir (El Amal), Les passionnés (Ahl El Hawa), Rêve (Holm), Mon amour, que ses moments soient heureux (Habibi yessaad awqatou). En 1947, un différend les a opposés jusqu’en 1960, année où il lui a offert sa dernière œuvre magistrale, Est-il vrai que l’amour est tyrannique ? (Houa sahih el hawa galeb).

Riad El-Sunbati a été un autre pilier de sa carrière. Avec des compositions magistrales comme Ruba’iyat Al-Khayyam, Souviens-toi de moi (Ouzkourini, 1939), Je veille seul (Sahran Li Wahdi, 1950), Souvenirs (Zikrayat, 1955) et les ruines (Al-Atlal 1966).  El-Sunbati a su magnifier les textes de Rami et d’autres poètes, créant des œuvres intemporelles. Leur collaboration s’est poursuivie jusqu’à la fin de la carrière d’Oum Kalthoum. En 1973, deux ans avant sa mort, elle interprète Al Alb Yashk Koli Jamil, une composition de Sunbati sur un texte de Mahmoud Bayram Al-Tounsi, prouvant que leur alchimie artistique restait intacte malgré les années.

Sélection de chansons écrites par Ahmed Rami et composées par Riad El-Sunbati :

  • Vers le pays de mon bien-aimé (Ala Balad Al-Mahboub, 1935)
  • Comment les cœurs ont succombé à ton amour (Kayfa Marrat Ala Hawak Al-Qouloub, 1936)
  • Réjouis-toi, ô mon cœur (Efrah Ya Qalbi, 1937)
  • Le sommeil caresse les paupières de mon bien-aimé (Al-Nawm Yuda’eb Jufoun Habibi, 1937)
  • Te souviens-tu quand tu étais à mes côtés ? (Fakir Lama Kount Gambi, 1939)
  • Souviens-toi de moi (Ouzkourini, 1939)
  • Ô nuit de fête (Ya Laylat Al-Eid, 1939)
  • Ô l’étendue de ma souffrance (Ya Toul Azabi, 1940)
  • Les nuits du clair de lune sont arrivées (Hallet Layali Al-Qamar, 1942)
  • J’ai galéré pour me réconcilier avec moi-même (Ghoulebt Asaleh fi Rouhi, 1946)
  • Le printemps chante (Ghani Al-Rabi’, 1946)
  • Toi qui étais ému par mes soupirs (Ya Elli Kan Yashgiik Anini, 1949)
  • Les Quatrains d’Al-Khayyam (Rubaiyat Al-Khayyam) 1950
  • Je veille seul (Sahran Li Wahdi, 1950)
  • Ô toi qui me fais souffrir (Ya Zalemni, 1951)
  • Pourquoi tu renouvelles ton amour (Jadadt Hobbak Leh, 1952)
  • Jaloux de la brise du Sud (Aghar Min Nesmet Al-Janoub, 1954)
  • Souvenirs (Zikrayat, 1955)
  • Tu as habitué mes yeux (A’awadt Eini, 1958)
  • Mon guide est confus (Dalili Ehtaar, 1958)
  • Je t’ai quitté (Hagartak, 1959)
  • Tu as troublé mon cœur (Hayart Qalbi Ma’ak, 1961)
  • La nuit approche (Aqbal Al-Layl, 1969)

Sélection de chansons écrites par Ahmed Chawki et composées par Riad El-Sunbati pour Oum Kalthoum :

L’itinéraire de la Burda (Nahj al-Burda) / Naissance de la guidance (Wulida al-Huda) / Vers ‘Arafat de Dieu (Ila ‘Arafat Allah) / Poème du Soudan (Qasidat al-Sudan) / Le Nil (Al-Nil) / Interrogez mon cœur (Salu Qalbi) / Demandez aux coupes de vin (Salu Ku’ouss al-Tala) 1938

Sélection de chansons composées par Riad El-Sunbati et écrites par d’autres poètes :

  • Je te vois, rebelle aux larmes (Araaka Assiya Al-Dam’a, 1965) – Abou Firas Al-Hamdani
  • Je te laisse au temps (Hasibak Lil Zaman, 1962) – Abdel Wahab Mohamed
  • C’est ça, l’amour (Al-Hobb Kedah, 1959) – Mahmoud Bayram Al-Tounsi
  • Tu te souviens encore ? (Lissa Faker, 1960) – Abdel Fattah Moustafa
  • Pour tes beaux yeux (Min Ajl ‘Aynayk, 1972) – Abdallah Al-Faisal
  • L’histoire d’hier (Qissat Al-Ams, 1957) – Ahmed Fathi
  • Les ruines (Al-Atlal, 1966) – Ibrahim Nagi
  • À qui puis-je m’adresser ? (Arouh Limin, 1958) – Abdel Moneim Al-Seba’i
  • Révolution du doute (Thawrat Al-Chak, 1962) – Abdallah Al-Faisal
  • Que puis-je te dire ? (Aqoul Lak Eh, 1963) – Abdel Fattah Moustafa
  • Ma nuit et mon jour (Layli Wa Nahari, 1962) – Abdel Fattah Moustafa

L’audace de la modernité : Mohamed Abdel Wahab et Baligh Hamdi

Un autre tournant dans la carrière d’Oum Kalthoum a été sa collaboration avec Mohamed Abdel Wahab puis avec Baligh Hamdi.
À la demande de Nasser, elle collabore en 1964 avec Mohamed Abdel Wahab, pour interpréter Tu es ma vie (Enta Omri), sur des paroles du poète Ahmed Shafiq Kamel. Cette œuvre, devenue un classique de la musique arabe, symbolise à la fois une réconciliation artistique et une déclaration d’unité nationale.
Connu pour son approche moderne de la musique arabe, Abdel Wahab a introduit la guitare électrique, orgue et accordéon dans les compositions pour la diva. Avec Abdel Wahab, elle a enregistré sept chansons, toutes devenues des succès solennels.

L’audace de moderniser s’est révélée dans Les Mille et une nuits (Alf Leïla wa Leïla), une chanson emblématique enregistrée en 1969 et composée par Baligh Hamdi. Ce titre, mêlant des orchestrations contemporaines à des traditions mélodiques arabes, a marqué un changement décisif dans l’œuvre d’Oum Kalthoum, qui a ensuite accepté d’autres expérimentations musicales.

Grâce à ces collaborations, Oum Kalthoum a construit un style unique, oscillant entre tradition et modernité. Son répertoire, à la fois savant, social et idéologique, a su toucher des millions d’auditeurs à travers le monde arabe, mais aussi en Occident. Elle est devenue un pont entre les générations, les classes sociales et les cultures, incarnant la richesse de la musique arabe classique tout en la réinventant.

Oum Kalthoum : Une voix intemporelle qui résonne 50 ans après

Une voix pour les femmes

Féministe avant l’heure, Oum Kalthoum n’a pas hésité à utiliser sa tribune pour défendre les droits des femmes. Dans ses concerts, elle appelait son public féminin à prendre son destin en main : « Vous êtes la moitié de l’humanité, prenez votre destin en main ! », répétait-elle. Son engagement pour l’émancipation féminine s’est manifesté avec force lors de son dernier concert à Tripoli en 1972. Devant une foule enflammée, elle déclare : « Dévoilez-vous, mes sœurs, nous sommes la force productrice de nos sociétés, nous pouvons garder la tête haute et nue. » Selon le témoignage rapporté dans le livre de Robert Solé, Ils ont fait l’Égypte moderne, ces mots ont provoqué une réaction immédiate : les spectatrices présentent ont jeté leurs voiles à terre, marquant un moment symbolique fort.

Des concerts légendaires

Oum Kalthoum est connue pour ses performances uniques, où chaque chanson pouvait durer une heure ou plus, enrichie par des improvisations qui captivèrent des millions d’auditeurs. Son concert à l’Olympia de Paris en 1967 est resté dans les mémoires comme un moment historique, rassemblant un public cosmopolite, dont des personnalités comme Charles de Gaulle. Ses récitals mensuels, retransmis à la radio, paralysaient littéralement les rues des pays arabes, unissant les auditeurs dans une ferveur commune.
Oum Kalthoum n’était pas seulement un talent, elle était un mélange de lutte acharnée, de travail incessant, de patience infinie, d’échecs, de persévérance, d’étude, d’intelligence innée et de foi. Au sommet du succès, elle n’a pas changé : chaque soir où elle chantait, elle ressentait la même appréhension, la même anxiété et le même trouble, comme si tout restait à prouver. Et après le concert, elle restait éveillée, attendant le résultat avec une impatience inaltérable.

Oum Kalthoum et le cinéma

Durant sa carrière, Oum Kalthoum a joué dans, seulement, six films sur une période de douze ans : Widad (1936) / Nashid Al-Amal (1937) / Dananéer (1939) / Aïda (1942) / Salamèche (1944) / Fatma (1948).
À la fin des années quarante, elle finit par renoncer au cinéma, pour lequel elle n’est pas vraiment faite.

L’engagement politique  

Oum Kalthoum a traversé et marqué de son empreinte des périodes de bouleversements socio-politiques majeurs en Égypte. Ayant grandi sous le protectorat britannique, elle a été témoin de l’émergence du nationalisme égyptien, des règnes des rois Fouad Ier et Farouk, de la proclamation de l’indépendance de l’Égypte en 1932, ainsi que de la révolution de 1952. Cependant, c’est sous le mandat de Gamal Abdel Nasser que la chanteuse s’impose véritablement comme une figure politique emblématique, incarnant l’esprit nationaliste et unissant son peuple par la puissance de sa voix.

Dès les années 1920, Oum Kalthoum met son art au service de la politique. En août 1927, à la mort soudaine du leader nationaliste Saad Zaghloul, elle demande à Ahmed Rami et Mohamed El-Qasabji de lui compositeur un hommage en urgence. Elle interprète alors Saad s’absente de l’Égypte (An yaghiba An Massr Saad) devant un public bouleversé. Lors de cette prestation, elle déchire symboliquement son mouchoir, une scène conservée gravée dans les mémoires. Même le roi Fouad Ier assiste à cette performance, saluant son talent et son dévouement à la cause nationale.

En 1936, lors de l’investiture du jeune roi Farouk, elle chante un poème d’Ahmed Chawqi, Le pouvoir est entre tes mains, renforçant son rôle de chanteuse officielle des grands événements politiques. Elle inaugure également Radio Masr à la demande de ce même roi, consolidant ainsi sa position comme voix du peuple égyptien.

Un tournant avec la révolution de 1952

Lorsque la monarchie est renversée par les Officiers libres en juillet 1952, Oum Kalthoum choisit de s’allier à la nouvelle ère révolutionnaire. Ayant chanté pour l’ancien régime, on a tenté de l’interdire d’antenne. C’est Gamal Abdel Nasser lui-même qui est intervenu pour lever cette interdiction, reconnaissant l’importance symbolique de la diva pour l’unité nationale. Dès lors, Oum Kalthoum devient une fervente supportrice du mouvement révolutionnaire et de ses dynamiques.

Elle met son art au service de la cause patriotique en interprétant des chants révolutionnaires comme Nashid el Gala (L’Hymne de la Liberté), qui célèbre l’indépendance et la fierté nationale. Elle s’engage également pour la cause palestinienne avec Asbah ‘Andi Bunduqyia (Et maintenant j’ai un fusil). La nationalisation du canal de Suez en 1956 est un moment de triomphe pour elle.

En 1958, sa chanson Il ya bien longtemps, mon arme (Walah Zaman Ya Silahi) devient l’hymne national de la République arabe unie, unissant l’Égypte et la Syrie. Ce rôle renforce encore son statut de « première Dame d’Égypte », surnommée al-sett (« la dame ») par le peuple.
Après la défaite de l’Égypte face à Israël lors de la guerre des Six Jours, Oum Kalthoum a choisi de soutenir son pays en difficulté financière. Elle entame alors une vaste tournée, faisant escale notamment à l’Olympia en 1967. À travers ses concerts, elle s’engage en militante, exigeant l’un des plus hauts cachets de la salle, qu’elle reverse intégralement à «l’effort de guerre ».

Distinctions

Oum Kalthoum a été honorée de manière prestigieuse et l’État lui a accordé un passeport diplomatique en reconnaissance de son art.
Elle a également reçu des dizaines de distinctions de la part de pays arabes ainsi que de certains pays étrangers.

Les obsèques d’Oum Kalthoum

A partir de 1970, souffrant de crises de néphrite la santé de la diva s’est dégradée. Son dernier concert a eu lieu le 4 janvier 1973. Lors duquel elle s’est trouvée obligée de quitter la scène avant la fin de sa prestation car trop épuisée. Son mari médecin l’accompagnera aux Etats-Unis pour se faire soigner mais il sera trop tard. Elle meurt le 3 février 1975.
Ses funérailles qui ont lieu le 5 février, trois millions de personnes – et bien plus encore à travers le monde – qui se sont ruées dans les rues du Caire, pour assister aux funérailles de l’Astre de l’Orient. Les militaires submergés par la foule se sont vus emparer du cercueil.

Un feuilleton sur Oum Kalthoum

En 1999, un feuilleton égyptien intitulé Oum Kalthoum retraça sa vie, depuis son enfance et ses débuts dans le chant religieux, jusqu’à sa carrière artistique au Caire et son ascension dans le monde de la musique, tout en abordant les défis qu’elle dû affronter. La série a été écrite par le scénariste Mahfouz Abdel Rahman, réalisée par Enam Mohamed Ali, et interprétée par Sabreen, qui a incarné le personnage d’Oum Kalthoum.

Un film sur Oum Kalthoum

Le film parle d’une période déterminée de la vie d’Oum Kalthoum, à partir de l’année 1944, abordant ses relations sentimentales dans l’histoire, puis son lien avec la révolution et son rôle après la défaite de 1967. Le rôle d’Oum Kalthoum a été joué par Ferdous Abdel Hamid, Mahmoud Yassine a joué le rôle du poète Ahmed Rami et Ahmed Siam a joué le compositeur Mohamed El Qasabgi

Faire revivre son héritage

Aujourd’hui en Egypte, un marionnettiste Mohamed El Sawi fait revivre l’héritage de la Diva, en lui rendant hommage tous les premiers jeudis du mois, en donnant un spectacle de marionnettes au théâtre El Sakia Puppet. L’artiste fait revivre les heures de gloire d’Oum Kalthoum et de son orchestre grâce à ses marionnettes.

Le Musée Oum Kalthoum

Situé au Caire, le Musée Oum Kalthoum célèbre sa mémoire en exposant ses objets personnels, ses costumes de scène et des archives rares. Ce lieu, qui attire des visiteurs du monde entier, est un témoignage vibrant de son impact culturel et artistique.

Une légende qui perdure

Oum Kalthoum n’est pas seulement une artiste, elle est un phénomène culturel et une source d’inspiration. Sa musique, ancrée dans la tradition mais ouverte à l’innovation, continue de transcender les frontières et le temps.
Cinquante ans après sa disparition, Oum Kalthoum demeure l’incarnation même de la grandeur artistique et la référence ultime dans le monde de la musique arabe. Ses chansons comme Tu es ma vie (Enta Omri),  Le cœur de l’amoureux a fondu (Rae El habib), Souvenirs (Zikrayat), Tu as troublé mon cœur (Hayart Qalbi Ma’ak) et bien d’autres continuent d’être écoutées par des millions de personnes dans le monde entier. Son influence se reflète également dans des reprises modernes et des hommages internationaux.

Le nom d’Oum Kalthoum résonne toujours avec autant de puissance et d’émotion. Elle est la preuve que le génie musical et la profondeur artistique n’ont pas d’échéance.

Monia Boulila déléguée de la Société des Poètes Français

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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