Jacques Cauda
Portraits-oblitérations de Jacques Cauda
Par Gilbert Bourson
Portraits
(portraits dans lesquels celui qui les regarde reconnait le sien)
Ces portraits sont des divulgations de l’apparence altière, ou plus modestement posée par le modèle, qu’il soit célèbre ou anonyme. Il y a là matière, non à regarder, comme on dit de plus près le visage, mais à l’envisager comme avant une acquisition, en évaluant ses avantages ou inconvénients. Divulgations d’adhésion ou à charge, ces portraits sont ceux de la matière brute qui refait celui de l’âme du vivant ou du défunt posé.
C’est là où ça déborde que Cauda épluche ou ajoute la couenne ou graisse l’apparence qui ne serait qu’os, ou absence d’acné qu’est l’acmé des vocables qui les ont sculptés (et dont nous remplissons le tombeau esthétique ou non de nos regards).
Que Borges ou Amy Winehouse ou Verlaine nous reviennent, comme on dit souvent d’un plat trop épicé, c’est d’être divulguée par l’artiste Cauda, que se dévoile une écriture physiognomonique quasi oblitérée dans l’œuvre littéraire, que nous avons lue et relue autrefois et qui oblitéra notre propre portrait.
Quant aux personnes que l’on dit faussement anonymes, (on ne l’est que pour soi), leur portrait ne suscite avec une craie grasse qu’un siècle vécu qui méconnut leur voix que l’artiste nous fait entendre avec les yeux d’un autre glaive nu, pourfendant à l’excès et dans l’exaltation le facies du papier.
Écrivain, Jacques Cauda écrit le corps comme le cyclostome élégant écrirait s’il écrivait. Il s’enroule autour des mots en tenant la vie par les lèvres. Peintre, photographe et réalisateur de films documentaires pour les télévisions algérienne, canadienne et française, sa pratique de l’image doit beaucoup à l’écriture.
Au début des années 2000, il crée le mouvement surfiguratif. Surfigurer, c’est prendre pour objet des sensations dont la source n’est plus le réel mais sa représentation rétinienne.
Il a reçu le prix spécial Joseph Delteil pour Ici le temps va à pied (poésie), une mention spéciale de l’Institut Académique de Paris (poésie), et le grand prix de la nouvelle de la ville du Pecq pour Lou. Il a écrit une cinquantaine de livres : poésies, romans, polars, essais, manifestes, correspondances, livres d’artiste. Et il en a illustré davantage dont Le Purgatoire de Dante traduit par Emmanuel Tugny qui vient de paraître aux éditions Ardavena.
Il dirige la collection La Bleu Turquin chez Douro éditions.
Bibliographie sélective :
- Comilédie, roman, Éditions Tinbad, 2017
- Ici le temps va à pied, poésie, prix spécial du jury Joseph Delteil, Éditions Souffles, 2017
- La vie scandaleuse du peintre Jacques Cauda, roman graphique, Les Crocs Électriques, 2018
- Peindre, avec une postface de Murielle Compère-Demarcy, poèmes, Éditions Tarmac, 2018
- Profession de foi, récit, Éditions Tinbad, 2019
- Moby Dark, roman, Éditions L’Âne qui Butine, 2020
- Jésus kill Juliette Éloïse, journal, La Diagonale de l’écrivain, Éditions Douro, 2021
- Caméra Greco et autres textes, essai, Marest Éditeur, 2021
- Florbelle, roman, Éditions Tinbad, 2023, en lice pour le prix Sade 2024
- L’origine des lèvres, récit, Éditions Tarmac, 2024
- Pronostic vital engagé, roman, Sans crispation éditions, 2024
- L’invisible ou agrandir le trou pour ne pas en sortir, essai, Éditions Résonances/Douro, 2024
- À sauts et à gambades, avec Philippe Pichon, portraits d’écrivains français du XXème siècle, éditions Ardavena, 2024
Dernières expositions :
- Paris, Concorde Art Gallery, Sensualité, exposition collective
- Bruxelles, Musée d’art Spontané, Jacques Cauda baroque and roll
- Salon de la mort, Galerie 24 bis, Paris 1er
Conservation :
- Kattenkabinet, Amsterdam
- Maison de Balzac, Paris
- Maison de Verlaine, Metz
- Musée d’Art Spontané, Bruxelles
Gilbert Bourson né en 1936, a été metteur en scène et comédien. Il a publié plusieurs livres de poésie, des romans et des essais chez différents éditeurs, notamment aux éditions du Chasseur abstrait, La Grisière (éditions Saint-Germain-des-Prés), Compact, Z4, Jebca (Boston, Etats-Unis)Tinbad, Douro/La Bleu-Turquin, et dans la collection « La diagonale de l’écrivain Il a participé à l’anthologie 47 poètes, ouvrage collectif dirigé par Yves di Manno chez Flammarion. Il a aussi publié dans plusieurs revues : Arpa, Cheval d’attaque, Cahiers du double,Les carnets d’Eucharis,Polyphonie, Substance (Etats-Unis), Action poétique, Travail théâtral, Les cahiers de Tinbad. Une grande partie de ses œuvres est publiée au « Chasseur abstrait » Il collabore à la revue en ligne de cet éditeur : La RAL’M. Il vit et travaille en région parisienne.
Souffle inédit, Magazine d’art et de culture
Une invitation à vivre l’art