Franck Delorieux : « J’aime explorer différents types d’écriture » – Hyacinthe

Poésie
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Franck Delorieux invité de Souffle inédit

Franck Delorieux :  « J’aime explorer différents types d’écriture »

Les jeudis d’Hyacinthe 

Franck Delorieux vient de publier aux éditions Gallimard Quercus suivi de Le séminaire des nuits.

Photographe, essayiste, éditorialiste (Les Lettres françaises) et poète, il est l’auteur de Roger Vailland, libertinage et lutte des classes (Le Temps des Cerises, 2008), des Saisons (poèmes, Gallimard, 2017) et d’un roman, Ils (Le Temps des Cerises, coll. « Les Lettres françaises »).

Rencontre 

Hyacinthe : Votre travail de poète semble aller de pair avec un amour marqué du dessin. Si, dans Quercus, nous croisons Gianni Burattoni, c’est Bernard Moninot que nous rencontrions dans Les Saisons. Pourriez-vous nous en parler plus ?

Franck Delorieux : L’art est une de mes grandes passions. J’aurais aimé être peintre. J’aime la rencontre de la poésie et de du dessin. Je pense ici à L’Art poétique d’Horace qui voulait que la poésie soit comme la peinture.J’ai eu la chance que des grands artistes tels que Gianni Burattoni, Bernard Moninot, ou Geneviève Asse pour La fabrique des fleurs, acceptent d’accompagner mes vers de leurs œuvres. Notez que je dis bien « accompagner » et non « illustrer ». Ils se sont saisis de ce que j’écris pour développer leur propre univers.

Hyacinthe : Vous êtes un auteur protéiforme et engagé. Avec votre compagnon, le poète Jean Ristat, vous veillez à la publication d’un monument de la Résistance française et de la littérature contemporaine, Les Lettres françaises. Comment vivez-vous la pandémie du coronavirus ? Cela a-t-il influé sur votre écriture ?

Franck Delorieux : Les confinements ont compliqué la fabrication des Lettres. Par exemple, il ne m’a plus été possible de visiter des expositions de photographie pour la chronique que je tiens. Il m’a fallu travailler uniquement à partir de livres. Ainsi, je vais rendre compte de Ruines, l’exposition de Koudelka à la BNF, uniquement à partir du catalogue. Je le regrette car j’aurais aimé être confronté aux tirages.

Hyacinthe : Dans Quercus suivi de Le séminaire des nuits, votre poésie change de ton et de forme par rapport au précédent volume. Qu’est-ce qui a motivé cette évolution ?

Franck Delorieux : Je déteste faire tout le temps la même chose. La répétition m’ennuie profondément. À quoi bon refaire ce qui a déjà été fait ?Quand j’ai terminé un ouvrage, je tourne la page. Je veux quelque chose de différent. Ce n’est pas raisonné mais instinctif. J’aime explorer différents types d’écriture. Ainsi, je travaille en ce moment à un livre qui sera composé de poèmes en prose et de photographies. Ensuite, j’achèverai un roman en vers qui raconte une histoire de vampire.

Hyacinthe : Il n’est pas facile d’être publié dans la collection « Blanche » chez Gallimard, qui, ici, réussit un très beau livre, plutôt digne d’un éditeur-artisan. Pourriez-vous nous parler de vos relations avec cette maison historique ?

Franck Delorieux : Ludovic Escande, mon éditeur chez Gallimard, me suit pour ainsi dire depuis mes débuts. C’est lui qui a œuvré pour que j’entre chez Gallimard. Et je dois dire que je suis fier et ému que mon nom figure au catalogue prestigieux de cette maison. D’autant plus que, comme vous le soulignez, l’objet livre est très beau, très réussi.

Hyacinthe : Ami de Gabriel Matzneff, qui a souvent collaboré aux Lettres françaises, comment avez-vous considéré la cabale dont il a été victime ?

Franck Delorieux : J’ai découvert l’œuvre de Gabriel Matzneff alors que j’étais au lycée. J’ai tout lu et, pour une bonne partie, j’ai relu ses livres. Nous nous sommes rencontrés pour un entretien dans Les lettres françaises. Et nous sommes devenus amis. Je ne me suis pas manifesté publiquement tant la violence hystérique qui se déchaînait contre lui m’a donné la nausée. Mais je l’ai appelé régulièrement pour prendre de ses nouvelles. J’espère que ses livres, dans lesquels il n’est pas uniquement question de sexualité, vont bientôt retrouver le chemin des librairies.

Hyacinthe : Beaucoup de grands poètes sont partis au cours de ces dernières années, à l’instar d’Yves Bonnefoy en 2016, Lorand Gaspar en 2019, Philippe Jaccottet et Bernard Noël en 2021. Comment la poésie française se portera-t-elle désormais ? De quel œil voyez-vous ce qui se fait aujourd’hui, entre ce qui est écrit et publié, et ce qui répugne au livre et se présente comme performance ou installation ?

Franck Delorieux : Le 17 novembre 2000, j’ai fait la connaissance du poète Jean Ristat. Cette rencontre fut pour moi décisive tant sur le plan personnel, puisque nous avons fini par nous marier,que sur le plan esthétique. Même si je noircis des pages depuis l’enfance, je lui dois d’écrire. Il est un immense poète pas assez reconnu. Je me délecte aussi de poètes contemporains comme Olivier Barbarant, Guy Goffette, William Cliff ou Lionel Ray. Je ne suis pas un grand connaisseur ni même un amateur de performance mais j’aime l’œuvre de Julien Blaine.

Hyacinthe : Si vous deviez tout recommencer, quels choix feriez-vous ? Si vous deviez incarner ou vous réincarner en un mot, en un arbre, en un animal, lequel seriez-vous à chaque fois ? Enfin, si un seul de vos poèmes devait être traduit dans d’autres langues, en arabe par exemple, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?

Franck Delorieux : Voilà des questions bien difficiles. Si je devais tout recommencer, je crois que je mènerai ma vie à l’identique puisque tout ce que j’ai vécu, tout ce que j’ai fait constituent celui que je suis devenu aujourd’hui. Me réincarner en un mot ? Amour. En un arbre ? Le chêne. En un animal ? Le chat. Il me serait impossible de choisir un poème à traduire car je ne me souviens absolument pas de ce que j’ai écrit. Il faudrait que je me relise ce dont je n’ai nulle envie. En outre, je suis très curieux de savoir quel poème a choisi le traducteur.

 

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Le poète

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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