Luc Loiseaux – Mercredi en Poésie
Mercredi en Poésie avec Luc Loiseaux
Poète solitaire tu veux illuminer
L’azur où gît le ciel : ton Idéal m’amuse
Il n’existe ici-bas nul être pour t’aimer
Excepté moi, l’amante enamourée : ta Muse
L ES V O L U P T É S A N C I E N N E S
Je féline la soie dans un bleu bizarrant,
Cueille des fantaisies aux creux de la nature…
Un frou-frou audacieux accompagne l’élan
Qui me jette en syncope à la cascade pure
Fouetté d’alléluias dans la contrée baltique,
Je vois la paranymphe et sa peau de satin
Promettre à la clairière un grand ballet antique,
Je vois mon œil neiger sur l’été de son sein
Dans la splendeur dorée, je tombe éperdument
Au grand amour cosmique, au midi éphémère
Et dans le végétal je berce doucement
Mon pauvre cœur d’enfant qui rêvait de sa mère.
L ’É T O I L E Q U I D A N S E
Ta splendeur est égale aux soleils de rubis,
Qui parent l’horizon dans les grands matins clairs
D’un incarnat profond, habilement sertis
Ils aveuglent le ciel de leurs vibrants éclairs
Tes cheveux sont emplis d’une nuit bleue et noire
Lumineuse et magique elle offre la beauté
D’une lune d’été miroitante de gloire,
Étoilée dans l’étrange et vaste obscurité
Il éclôt sur tes lèvres un bel enchantement
Qui renvoie le tourment dans ses tristes arènes,
Forme une aube éternelle ainsi qu’un firmament
Envoûtant comme l’est un ballet de sirènes
Sous l’arche de tes bras en humble pèlerin
Je célèbre les jours que nous cueillons ensemble,
En inondant l’autel d’un ciel ultramarin
Je chante vers le ciel un air qui te ressemble
L A V I E C A C H É E
Tandis que les sentiers me lançaient des « je t’aime »
J’entendais les couleurs fleurir en ma maison
Murmurer dans la brise au cœur du matin blême
Et je vis le parfum sonner dans la saison
Ce parfum de jadis revenait de l’ailleurs
Où le grand souvenir fait bouillir les souffrances
Des agonies hantées par de vaines enfances
Mascarasque sans suc, tu ne fus jamais fleur !
Ivre de vie cachée, la mémoire s’écaille
Et plus rien dans tes yeux ne ressemble à l’amour
Le chemin est brisé, enfin le train déraille :
Te voici délivré par les larmes du jour !
L ’Î LE VE R T E
SONNET
Dans l’hiver de tes yeux je vois le bel espoir
Auquel je m’abandonne en volupté frileuse
Au creux de ton bateau sur l’eau du grand miroir
Je pars en odyssée dans la vague orageuse
Notre cap est fixé : une île du printemps
Dès la première nuit l’ivresse fait naufrage
Celle que l’on prenait pour
Reine n’a plus le temps,
L’esthète étincelante est une anthropophage
L’île que tu rêvais riche de bois jolis,
N’est qu’un vaste bocage où vont des tombeaux gris
S’endormant sous la lune et le soir bleu cendré
Marche tout doucement dans cette argile ardente,
Écoute la complainte et c’est toi qui la chantes
Regarde chaque tombe où ton nom est gravé !
L A V I E A R D E N T E
Porte donc un flambeau, jette ton encensoir
Où se consume en vain le bel instant qui passe
Offre ton cœur à l’aube et délaisse le soir,
Compagnon du chagrin qui jamais ne trépasse
Dans l’ombre qui frémit, venu droit de l’enfer
Regarde l’Adversaire organiser ta chute,
Creuser ton désespoir, le marquer de son fer
Dans l’obstination aveugle de la brute
Et si ton esprit souffre en proie aux longues peines
Creuse au pied de ton âme où se cache un trésor :
Le sang du roi divin jaillira dans tes veines
Pour faire éclore en toi un immense cœur d’or
Extraits du recueil de poèmes : Luc Loiseaux Dans l’ivresse des brumes, éditions Unicité 2023
Un recueil qui a pour originalité de marier la prosodie et des illustrations générées à l’aide de l’Intelligence Artificielle. C’est le télescopage du passé et de l’avenir.
Luc Loiseaux
Luc Loiseaux est amoureux de l’imaginaire sous toutes ses formes. Il endossa les rôles de comédien, de journaliste littéraire, de musicien, de photographe et créa l’unique magasin en France dédié à l’absinthe. Auteur de romans, de nouvelles, de poèmes et de chansons, il exprime sa vision de la beauté à travers la poésie. Il a reçu le prix Verlaine et le prix du Club Saint Georges en 2021. Plusieurs de ses poèmes ont été publiés dans la revue Pro/Prose Magazine et dans l’Anthologie poétique de l’œil du Sphynx.
Photos : Crédit @ Page du poète