Lecture du nouveau recueil de Raoul Harivoie
Raoul Harivoie « Embrasser sa moitié en présence d’un tiers »
Par Jacques Bellezit
On pouvait croire la forme poétique du sonnet reléguée au passé mais Raoul Harivoie nous démontre le contraire.
En cents poèmes, il nous démontre par l’exemple que cette forme, loin d’être archaïque, est parfaitement adaptée à notre époque ou tout va -trop- vite.
Épidémie, Coupe du Monde de Foot, administration, vie de couple, travail, l’auteur fait courir sa plume malicieuse sur tous les sujets. Comme il le dit si bien « Temps qui passe, Amour, Mort, pour tout je prends mon luth ».
Avec un vocabulaire du quotidien, mâtiné de créations poétiques (dont le « vériténaire » et le « nunchakouign-amann »), Raoul Harivoie, en écrivant et se mettant en scène (à moins que cela soit son alter ego ?), nous dépeint un monde réenchanté, dans une veine se réclamant de Boris Vian ou Raymond Queneau.
Cela sans se priver, de taquiner avec élégance et subtilité les travers de notre époque et de notre condition humaine : Internet et son champ des possibles, les lycéens blasés par les cours, les administrations, les ateliers d’écriture, ses amours de jeunesse et même son épouse qui semble être, avec le lecteur, sa complice de chaque poème.
Facétieux et truculent, son style est léger et frais dialogue entre le rêve et la réalité sans jamais se départir des exigences du sonnet : Deux quatrains, deux tercets, dans une métrique parfaitement respectée et une musicalité envoûtante.
Petit ouvrage autoédité, aisément glissé dans une poche ou un sac, « Embrasser sa moitié en présence d’un tiers », paru en août 2022, peut être picoré aisément dans les conditions qu’il plaira au lecteur.
Un sonnet entre deux stations de métro, un autre dans une salle d’attente, le troisième encore au coin du feu avec un chocolat chaud….Tout est possible !
Baudelaire nous a appris que « Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »
Les sonnets de Raoul Harivoie dans « Embrasser sa moitié en présence d’un tiers », sont à la fois un bon vin, une poésie maîtrisée mais aussi une vertu gentiment malmenée par quelques piques égrillardes bon enfant.
Dans notre société pleine d’incertitudes et d’angoisses, cet ouvrage est une bouffée d’air frais qui réconciliera les individus fâchés (comment peut-on?!) avec la forme du sonnet.
Je n’ai qu’une hâte, poursuivre ma découverte de l’univers de Raoul Harivoie, par ailleurs homme de théâtre.
Et je vous invite à venir avec moi, en découvrant les réponses que propose Raoul à cette question, objet de son précédent recueil autoédité « Qui n’a jamais calé quand le feu passe au vert ? »
Enfant du siècle, écrivain, rêveur, juriste, passionné, Jacques Bellezit est un amoureux de la littérature et de la culture. Auteur d’un roman de science-fiction, La Ceinture Hatikva, et d’un premier recueil de poèmes, Opinions dissidentes d’un enfant du siècle, il continue son engagement en faveur de ses amours avec Tableaux d’une exposition aux éditions « Le Lys Bleu »