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Virginie Mérimée – Entre l’Amour et la mort, il n’y a qu’un drap

Recension du recueil de Virginie Mérimée Entre l’Amour et la mort, il n’y a qu’un drap

Par Michel Bénard

« Par l’amour des mots nous effleurons l’amour des corps. » Michel Bénard

La Peintre Virginie Mérimée

Le ressenti est évident, Virginie Mérimée est une épicurienne qui a soif de vie et soif d’amour, soif d’une pleine jouissance afin de faire reculer la mort omniprésente dont la marionnette se désarticule sur les lendemains de la ligne d’horizon : « Je boirai la vie pour mieux noyer la mort. » V.M.

Virginie Mérimée - Entre l’Amour et la mort, il n’y a qu’un drap   Virginie Mérimée - Entre l’Amour et la mort, il n’y a qu’un drap

Au travers de ce recueil, Virginie Mérimée nous offre une poésie du plus bel intérêt. Ecriture d’une grande force, jouant de néologismes qui hélas ne seront pas toujours perceptibles. La poésie de notre poétesse se mérite.

Une porte s’ouvre sur un monde ésotérique en forme d’arbre aux racines profondes. C’est une poésie qui détourne les codes conventionnels et qui s’impose comme guide spirituel, usant facilement de jeux de mots, de subtilités de langage qui nous interrogent et nous habillent de leur mystère. Notons que la compagnie des fées n’est pas chose rare dans la poésie de notre amie, où une énigme flotte telle une brume sur un étang : « Sans se noyer dans le lac de l’oubli. »

C’est un univers surréel, peu commun, déroutant parfois où Virginie Mérimée laisse mitonner ses formules dans un grand chaudron. Nous pouvons très bien l’imaginer se débattant dans une nuée de voyelles et consonnes qui l’enivre. Elle nous entraine dans un espace singulier, étrange et intrigant. C’est une façon pour elle de se protéger en préservant son jardin secret. Elle nous gratifie de quelques notes délicieusement érotiques : « Passe ta main dans mon corsage…/ Et cherches-y les sentiments effarouchés… » la question se pose : érigerait-elle son temple d’amour au travers de ses poèmes ? La poésie est une preuve d’amour dont Virginie Mérimée a soif d’un besoin viscéral, qu’elle désire, qu’elle ressent à fleur de peau : « Et nous graverons sur nos peaux / Des tendresses que nous seuls comprenons. »

Elle joue entre deux amours, celui de la chair et celui de l’art, car elle est plasticienne de beau talent également et il lui arrive d’érotiser l’acte symbolique de restauration d’un tableau : « Je suis la soie du pinceau / Immerge-moi sans tarder / Dans le ventre de tes nuits tourmentées…/… »

La Peintre Virginie Mérimée

Virginie Mérimée se crée sa propre versification, nous ouvre les portes de son imaginaire, proche parfois du fantastique ou sorte de rituel séculaire aux aspects chamaniques, dont elle nous voile avec beaucoup de sensibilité, de façon détournée nous rencontrons l’essentiel questionnement de la vie. Sa poésie se veut libre jusqu’à l’absence de ponctuation, libre comme l’auteure, libre comme la femme. C’est un monde singulier, original où nous rencontrons de très surprenantes métaphores. Un monde qui se fond avec la vie jusqu’à lui rendre un sens. Il y a une forme sacrificielle, un sens sacré allant jusqu’à l’automutilation, toute théorique bien évidemment, sorte de virtualité poétisée : « Mon histoire est gravée sur ma peau…/… »

La poésie ici est prétexte à un amour aux révélations incantatoires, mystiques, sorte de dévotion profane : « Je me suis agenouillée pour lécher tes blessures…/… » ou encore : « Jusqu’à te clouer sur ta couche…/… »

Virginie Mérimée nous conduit jusqu’à la pérennisation de l’amour, sorte d’offrande du corps, espérance significative mais indéfinie oscillant du rêve à la réalité : « Je sens l’amour m’envahir et me pousser / A t’aimer au-delà de l’abécédaire ; »

Au travers de subtiles images nous avançons sur un chemin parallèle entre le mythe et l’existence cruelle : « Je me débats dans cette marée noire humaine / Où les carcasses des colombes fusillées gisent au fond des regards. »

Cet ouvrage « Entre l’Amour et la mort, il n’y a qu’un drap » où il y a « des silences qui se font poèmes » est parsemé de petits joyaux qui peuvent nous conduire jusqu’à la transcendance.

La Peintre Virginie Mérimée

Virginie Mérimée – Entre l’Amour et la mort, il n’y a qu’un drap – Illustration de l’auteure- Editions les Poètes français – 3e  trimestre 2023

Michel Bénard

Lauréat de l’Académie française.

Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Photo de couverture ©Lina Tran

L’artiste

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Souffle inédit

Magazine d'art et de culture. Une invitation à vivre l'art. Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.

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