Le 3e Colloque international « Habib Bourguiba : mémoire d’avenir », organisé dans le cadre des Francophonies de Sousse, a réuni chercheurs, artistes et figures institutionnelles pour interroger l’héritage du Leader tunisien.
Un regard renouvelé sur l’héritage bourguibien : retour sur le 3ème Colloque international « Habib Bourguiba : mémoire d’avenir »
Les jeudis littéraires d’Aymen Hacen
Il est des amours et des mariages heureux. Quand la bonne foi s’allie au savoir-faire, la vie se passe dans l’harmonie, la joie de vivre et surtout la construction. C’est en effet ce qui s’est passé à Sousse du 13 au 16 novembre 2025 dans le cadre de la 8ème édition du Festival Les Francophonies de Sousse au cours duquel a été organisé le 3ème Colloque international « Habib Bourguiba : mémoire d’avenir », sous le thème aussi exigeant qu’ouvert : « Repenser l’avenir du développement et des relations géopolitiques ».

Ces événements majeurs sont organisés et placés sous l’égide de l’Université de Sousse, avec à sa tête le Professeur Lotfi Belkacem, et le Laboratoire École et Littératures, dirigé par le Professeur Nizar Ben Saad en partenariat avec l’Association des Tunisiens Amis de la Francophonie (ATAF), présidée par l’enseignant-chercheur et animateur de Manarat Tounsiyya sur les ondes de Jawhara Fm, Sami Hochlaf, ainsi que l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), l’Agence Universitaire de la Francophonie, l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF), l’Institut Français de Tunisie, la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sousse, l’Ambassade d’Argentine en Tunisie, le Rotary Club Tunisie (Sousse-Boujaafar), la Municipalité de Sousse et Jawhara Fm.



Événements majeurs, disions-nous, parce qu’aux côtés de spectacles musicaux, avec notamment les performances de Narimène Bouchalghouma, interprète lyrique et contemporaine, qui, accompagnée de Jeunes Talents Francophones, a rendu hommage à la chanson française, ainsi que les artistes Fedia Khalfallah (oud et chant) et Gennaro Siena (guitare et chant), qui ont fait musicalement un Voyage en Méditerranée, un hommage a été rendu au grand poète arabe et universel Adonis à travers des lectures en arabe et en français de ses poésies par les poètes tunisiens Hedi Ben Youssef et Aymen Hacen.
À ce titre, Adonis a fait part aux participants du Festival Les Francophonies de Sousse et du « Colloque Habib Bourguiba : mémoire d’avenir », d’un texte substantiel sur le Leader tunisien.
Le poète Adonis : Témoignage à propos du leader Habib Bourguiba
La terre, le pays et l’histoire de la Tunisie se mêlent au nom d’Habib Bourguiba. Il est, à mon avis, le leader politique arabe et le premier pionnier du changement et de la libération, notamment dans tout ce qui touche aux femmes et aux droits humains.
Son commandement reposait sur une vision et une conception complémentaires : construire le présent avec les droits et les libertés, la science et l’art, anticiper l’avenir, présence créative et ouverture créatrice.
J’ai tendance à dire que l’ensemble du monde politique arabe n’était, en pratique notamment, pas au niveau de la perspective bourguibienne, ni en vision ni en conception.
Adonis
Paris, le 11 novembre 2025.
Quant au « Colloque Habib Bourguiba : mémoire d’avenir », nous pouvons dire que cette troisième session marque un temps important dans la relecture et la réécriture de l’héritage bourguibien, avec des figures scientifiques et académiques importantes qui ont présenté des communications rigoureuses sur le Leader Suprême. À vrai dire, la liste des intervenants est aussi impressionnante que variée avec au moins trois générations chercheurs qui ont passionnément exploré le monde encore à découvrir du Zaïm.
Ainsi, avec Si Abdelaziz Kacem, qui a exploré « Le legs bourguibien : inventaire et perspective », Si Samir Marzouki, qui a réfléchi sur « Habib Bourguiba : une philosophie de la coopération internationale » et Aymen Hacen, qui a rappelé les engagements de Habib Bourguiba en faveur de la cause palestinienne, la première séance est de fait la marque du succès d’une telle organisation. Trois générations et trois visions différentes, mais une vision plurielle et homogène ayant pour but de croire en la tunisité et de son avenir à l’échelle locale, régionale et internationale.
Les interventions suivantes se sont avérées précieuses et fondamentales, avec la Professeure Hayet Ben Charrada qui a exploré « Le Bourguibisme comme levier de développement national au lendemain de l’indépendance », Sami Hochlaf, « La création de l’ACCT en 1970, une opportunité géopolitique d’avenir pour l’Afrique », et l’ancien ministre, le Professeur Abderrazek Zouari qui a prononcé une lumineuse conférence sur « Bourguiba et les défis de l’économie ».
Un autre ministre, le Professeur Taieb Baccouche, a quant à lui présenté un témoignage digne de ce nom en tant qu’ancien ministre des Affaires étrangères. Si Ferid Memmich, le Président du Festival Les Francophonies de Sousse et Président d’honneur de l’ATAF, philosophe de formation, haut fonctionnaire et producteur de cinéma a de son côté prononcé un témoignage en sa qualité d’ancien Représentant du président de la République tunisienne à l’OIF. Le Professeur Ali Mtiraoui, ancien Président de l’Université de Sousse, s’est attaqué à un champ des plus importants avec une conférence intitulée : « Bourguiba : le Bâtisseur de l’État-Providence et de la Santé comme Pilier de la Nation ».

Quant au Professeur Ammar Azouzi, qui est le Président fondateur de l’Association des Tunisiens Amis de la Francophonie, linguiste de son état, s’est interrogé sur « La coopération internationale comme levier de développement : l’héritage de Habib Bourguiba et les défis contemporains pour la Tunisie et l’Afrique ».
Une autre figure de la Tunisie de la Révolution, l’ancien doyen de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, le Professeur Habib Kazdaghli s’est interrogé en ces termes : « Quelle voie tunisienne pour le développement ? Débats autour du “socialisme en Tunisie” (1963-1969) ». La jeune et néanmoins brillante chercheuse Faten Bouchrara Chebil a, quant à elle, réfléchi sur le moyen d’ « élargir les horizons de la coopération : l’exemple de la coopération tuniso-allemande dans le domaine agricole », alors que la Professeure Olfa Bouallègue, vice-Présidente de l’Université de Sousse, s’est attaquée à la question « Bourguiba et le développement durable ».
Le Professeur et essayiste Baccar Gherib, qui, aux côtés du Professeur Nizar Ben Salah, représente la Fédération générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (UGTT), a prononcé une communication intitulée : « Bourguiba et l’économie : une vision pragmatique ». Quant au Professeur Lotfi Tarchouna, ancien doyen de la Faculté de droit et de sciences politiques de Sousse, a exposé « La conception bourguibienne de la Nation ».
Le Professeur émérite de l’Université Tunis-El Manar, Si Mansour Mhenni, qui est également poète, essayiste et homme des médias, s’est interrogé d’une manière à la fois drôle, intelligente et exigeante si Habib Bourguiba est « un Président diplomate ou un diplomate Président ». Le mot de la fin a été prononcé par le Professeur Nizar Ben Saad qui, au lieu de clôturer les travaux du colloque, en a élargi l’horizon en proposant des thématiques et des problématiques qui méritent d’être soulevées à l’avenir, en formulant des recommandations utiles pour l’édition écoulée et celle envisagée en 2026.
L’ancien ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique, Monsieur Slim Khalbous, qui est aujourd’hui recteur de l’Agence Universitaire de la Francophonie, a clôturé les travaux de cette 3ème édition du colloque en réitérant l’appui de l’AUF à cet événement scientifique majeur dans l’espace tunisien et francophone.
Par ailleurs, de nombreux invités de marque ont pris part aux débats et discussions suscitées par cette 3ème édition du colloque « Habib Bourguiba : mémoire d’avenir », dont l’ex-doyen de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, Si Noureddine Kridis qui, en philosophe et psychologue chevronné, a apporté de nouveaux éclairages sur la figure historique du Leader Suprême. À ses côtés, le philosophe politologue Mohamed Karray Aouichaoui, et le poète et journaliste Mohamed Naceur Mouelhi, ont alimenté le débat, chacun selon sa formation, sa conception et sa vision du monde.
Tenus à l’Hôtel Sousse Palace, ces événements sont la preuve indéniable de l’élan vers l’avant de l’Université tunisienne qui, de génération en génération, et dans toutes les spécialités, marque un progrès réel fondé sur l’ouverture, l’esprit critique et la passion de la recherche et du savoir. Ce sont en effet quelques-uns des préceptes fondamentaux nés de l’esprit d’Habib Bourguiba pour construire une Tunisie plurielle, notre Tunisie.
Photo de couverture @ Wikimédia



