Teyana Taylor, au-delà du glamour

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Teyana Taylor - Photo : Jamie Lamor Thompson / Shutterstock

De Harlem à Hollywood, Teyana Taylor a réussi son parcours sans jamais perdre le rythme de son quartier natal. Chanteuse, danseuse, réalisatrice, elle reste incroyablement attachée à l’authenticité et à la vitalité de son quartier d’origine.

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Teyana Taylor, l’âme derrière le style

Par la rédaction

L’artiste transforme son vécu en une forme d’art globale. Même sous les projecteurs et sur les tapis rouges, c’est toujours l’esprit de Harlem qui s’exprime à travers elle – dans ses mouvements, ses créations visuelles et sa manière de s’exprimer.

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Teyana Taylor, au-delà du glamour
Teyana Taylor – Photo : Jamie Lamor Thompson / Shutterstock

Née en 1990 à Harlem, au nord de Manhattan, Teyana Taylor grandit dans un environnement où chaque coin de rue bat au rythme de la musique. Harlem, berceau du jazz, du hip-hop et de la culture noire américaine, n’est pas seulement un lieu : c’est un langage. Les sons, les corps, les tenues, tout s’y exprime avec intensité. C’est dans cette effervescence que la jeune Teyana apprend à danser, à créer, à se faire remarquer. Adolescente, elle participe à des battles locales avant d’être repérée pour ses talents de chorégraphe. À seulement quinze ans, elle signe sa première chorégraphie pour Beyoncé dans le clip Ring the Alarm.

Cette précocité ne relève pas du hasard. Elle traduit une discipline et une confiance forgées dans un milieu où le geste compte autant que la parole. Harlem apprend à ses enfants à exister en mouvement. Chez Teyana Taylor, ce langage corporel est resté intact. Ses chorégraphies, qu’elles accompagnent une chanson ou un film, conservent la nervosité et la spontanéité de la rue : une tension entre la grâce et la rage.

Danser et raconter autrement 

L’artiste s’impose d’abord comme chanteuse au sein du label Star Trak, sous l’aile de Pharrell Williams, avant de rejoindre GOOD Music, la maison de Kanye West. Pourtant, même au cœur de l’industrie, Teyana Taylor ne renie pas ce qu’elle appelle « l’esprit Harlem ». Son premier album, VII (2014), mêle R&B et textures urbaines, loin du vernis commercial. Mais c’est avec K.T.S.E. (2018) qu’elle s’affirme pleinement : une œuvre courte, viscérale, qui fait dialoguer sensualité et réalisme, douceur et fureur.

En 2018, elle dévoile le clip Rose in Harlem, véritable autoportrait musical. La chanson, dédiée à sa mère, évoque les sacrifices, la méfiance, l’ambition et la survie — autant de thèmes enracinés dans sa ville natale. On y lit une phrase qui résume son parcours : “Been through more than a lil’ bit, but I’m still standing.” Les plans du clip alternent entre élégance maîtrisée et images de rues : boutiques, façades, silhouettes familières. Harlem n’y est pas décor, mais mémoire vivante.

Pour Teyana Taylor, danser ou chanter, c’est raconter cette mémoire. Sa gestuelle est à la fois instinctive et narrative. Elle exprime un rapport à soi forgé par l’espace public : celui où l’on apprend à se montrer, à résister, à séduire sans se perdre. Le corps devient un manifeste, une forme de loyauté à l’enfance, une manière d’habiter le monde sans trahir son point de départ.

Avec le temps, Teyana Taylor s’est affranchie du rôle d’interprète pour devenir une artiste totale. Elle réalise ses propres clips sous le pseudonyme Spike Tee, en hommage à Spike Lee, autre enfant de New York. Son regard est précis, sincère, souvent tendre envers les visages noirs qu’elle filme. Elle préfère la lumière naturelle, les textures brutes, les regards directs. Ce n’est pas seulement une esthétique : c’est une philosophie.

Son univers visuel traduit une forme de dignité et de beauté issues de la vie ordinaire. Dans ses vidéos, les femmes ne sont pas des silhouettes accessoires, mais des forces tranquilles. Là encore, l’influence de Harlem affleure : ce goût de la vérité, de la rue sublimée sans être travestie. Même lorsqu’elle évolue dans la mode ou la publicité, Teyana Taylor garde ce sens du réel, cette proximité avec les visages et les gestes de tous les jours.

De Harlem à Hollywood : une trajectoire en mouvement

Le cinéma offre à Teyana Taylor un nouveau terrain d’expression. En 2023, son rôle dans A Thousand and One d’A.V. Rockwell lui vaut le prix de la “Breakthrough Performance” au Festival de Sundance. Elle y incarne Inez, une mère célibataire new-yorkaise qui enlève son fils du système de placement pour l’élever à Harlem. Ce rôle bouleversant semble écrit pour elle : une femme en lutte, vulnérable mais droite, qui protège sa dignité dans un monde indifférent. Dans ce film, Harlem n’est pas seulement un décor : c’est un personnage. La réalisatrice, également issue de New York, disait avoir choisi Teyana Taylor précisément pour cette authenticité. Le film devient ainsi un miroir : la femme et la ville se confondent, la fiction rejoint la biographie.

Plus récemment, Teyana Taylor impressionne dans Une bataille après l’autre (One Battle After Another) de Paul Thomas Anderson, aux côtés de Leonardo DiCaprio et Sean Penn. Elle y interprète Perfidia Beverly Hills, une militante radicale au sein du groupe révolutionnaire « French 75 ». Son personnage, complexe et déterminé, navigue entre idéalisme et réalités brutales, offrant une performance intense qui capte l’attention du spectateur. Le film, une adaptation libre du roman Vineland de Thomas Pynchon, explore des thèmes de résistance, de pouvoir et de révolution dans une version alternative des États-Unis. La performance de Teyana Taylor a été chaleureusement accueillie, soulignant son intensité et sa force à briller même aux côtés d’acteurs et d’actrices de renom.

L’héritage comme horizon

Aujourd’hui, Teyana Taylor n’est plus seulement une artiste, mais une passeuse. En tant que chorégraphe, réalisatrice et productrice, elle ouvre la voie à d’autres créatrices qui veulent, comme elle, garder le contrôle de leur image. Ses projets dans la mode, la musique et le cinéma témoignent d’un désir de transmission. Elle incarne une génération qui transforme les marges en puissance, les origines en tremplin.

Harlem, chez Teyana Taylor, n’est pas un souvenir figé : c’est un rythme intérieur, une manière d’habiter chaque espace où elle entre. À Hollywood, sur scène ou derrière la caméra, elle reste fidèle à cette énergie d’enfance — celle qui enseigne la liberté par le mouvement. De la rue à la célébrité, elle est restée fidèle au rythme de ses débuts. Cette pulsation originelle, ce moteur interne, la guide encore, avec une persévérance inébranlable dans chaque pas.

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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