Zanele Muholi à la MEP Paris
La photographe Sud-africaine Zanele Muholi
Par Djalila Dechache
Zanele Muholi à la Maison Européenne de la Photographie à Paris jusqu’au 25 mai 2023
Photographe et activiste sud-africaine, Zanele Muholi de renommée internationale a été invitée la MEP Paris, pour son travail depuis de nombreuses années sur la communauté noire LGBTQIA + (lesbienne, gay, bisexuel-le, transgenre, queer, intersexe, asexué.le +).
Plus de 200 œuvres créées depuis les années 2000, des vidéos, des installations sont présentées sur trois niveaux. Il est vraiment nécessaire d‘entendre ces personnes s’exprimer, c’est d’une grande richesse qui change notre regard et plus encore. Plus c’est loin, moins on imagine ce qui peut se passer là-bas au bout de l’Afrique.
Beauté de la nudité
Les photos sont très belles, respectueuses de la nudité de chacun et chacune, ne nous transformes pas en voyeur, voyeuse ! Bien au contraire, le visiteur est surpris par tant de respect, de découverte, de dignité et de beauté aussi.
Exister
Ce qui frappe en regardant les vidéos de présentation du projet Faces and Phases, plateforme de présentation du travail de Zanele Muholi, est la maturité avec laquelle des femmes s’expriment et exposent les étapes traversées pour exister. En effet, après la découverte et l’acceptation d’elles-mêmes et par la société (un très long chemin est-il nécessaire de la rappeler ), il y a eu le rejet de la famille et des amis, la dépression ou le suicide ou les deux, l‘entrée dans le combat, la résistance et la militance et enfin la transmission, oser parler. Le plus gros problème étant la recherche d’emploi dans une société très difficile qui rejette d’emblée comme ailleurs ceux qui ne sont pas dans la norme, alors qu’elles souhaitent vivre tout simplement et « comme tout le monde ».Face à l‘objectif, elles sont directes, justes, une pensée élaborée sur le sujet de leurs différences assumées et de leurs luttes.
Combattre les injustices
Zanele Muholi utilise l’appareil photo et la vidéo comme des moyens de combattre les injustices, son approche collaborative, fait des participantes, des personnes qui se montrent dans leur vérité, leur authenticité et leur entièreté.
Qiniso, The Sails, Durban, 2019. Courtesy of the Artist and Stevenson, Cape Town/Johannesburg and Yancey Richardson, New York © Zanele Muholi
Des portraits magnifiques avec des objets de la vie quotidienne détournés, proposent des visages et des corps magnifiés, accentuant la couleur de leur peau avec du blanc créant un contraste magnifique sur la pellicule et sur le regard qui ne fuit pas.
Une réflexion sur nous-même d’où que l’on vienne et où que l’on soit dans le monde.
« Ellui »
Il serait incomplet de ne pas mentionner les stéréotypes, crimes racistes, sexistes à l‘encontre de cette communauté qui n’en finit pas de souffrir du regard d’autrui stigmatisant, même si l’abolition de l’apartheid date de 1994. « Zanele Muholi tourne l’objectif vers ellui-même pour questionner la représentation de femme noire dans l’histoire ». ( Zanele Muholi se définit en tant que non -binaire et a choisi d’être présenté.e par l’emploi des prénoms neutres iel ( sujet) et ellui ( complément).
L’exposition
Dans un esprit pédagogique, l’exposition retrace par une frise historique, les grandes étapes qui contextualisent le pays et le travail de l’artiste qui a été invitée à New York et a connu une belle reconnaissance et un succès public.
Une exposition nécessaire à voir, à revoir et faire découvrir, organisée par La Tate Modem en collaboration avec le MEP, le Gropius Bau de Berlin, le Bildmuse et de l’Université d’Umea, l’Institut Valencien d’Art Modern de Valence et le Kunstmuseum Luzern.
Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy 75004 Paris
Jusqu’au 25 mai 2023
Djalila Dechache : Auteure, chercheure sur l ‘Emir Abdelkader l ‘Algérien, Kateb Yacine et le théâtre arabe
