Mercredi en Poésie avec Arwa BEN DHIA
Poésie cicatrisante
Je saigne de l’intérieur.
Je suis blessée au cœur.
Des mains infâmes
Ont poignardé mon âme.
Mais le destin n’aura jamais raison
De mon sourire qu’il a longtemps
Éclipsé auparavant.
En dépit de mon chagrin,
J’arbore le plus beau sourire
À ce démon odieux et vilain.
Je lui dis : je te défie !
Je te défie de me meurtrir encore.
Je te sourirai, je te sourirai
Encore et encore
Jusqu’à mon dernier soupir.
J’accueille ma blessure
Avec bienveillance,
Car c’est par son essence
Que je me renforce,
Que je m’améliore,
Que la lumière me pénètre.
Écorche l’âme d’un poète
Et tu verras jaillir de son être
Une myriade d’astres
Et un beau poème.
Arwa BEN DHIA
Paris, le 18/09/2024
Inédit ©
Le Chant de l’Exilé
Je traîne mes pas lourds
Étranger au matin,
Dans la brume d’un port
Aux rivages lointains.
Je vogue, tel un voilier égaré,
Sur des flots indolents.
Tout s’efface comme une ombre qui danse,
L’exil m’étreint dans sa froide absence.
Mon âme esseulée, hélas, ne peut qu’entendre
L’écho des rires malveillants, des bruits indifférents.
Moi, rêveur aux ailes de grandeur déployées,
Je heurte en vain les murs de leur regard étroit.
Chacun de mes mots s’effondre
Dans leurs oreilles en un vain contrepoids.
Ils ignorent mes cieux, lieu de mes songes.
Ils ignorent les vents où mon cœur se refuge.
Mais qu’importe la foule aux albatros ?
J’erre, noble albatros, en chantant,
Fuyant ce monde sans évasion.
Seul le cygne noir entend ma chanson.
Arwa BEN DHIA
Paris, le 31/10/2024
Inédit ©
Parfois
Parfois, on est amené à faire
Ce que l’on n’aime pas
Juste pour faire plaisir
À ceux que l’on aime.
Parfois, on est amené à mentir
Aux êtres chers
Juste pour ne pas
Les faire souffrir.
Parfois, on feint un sourire
Ravalant un soupir
Juste pour ne pas dire
Oh, j’ai bien mal.
Parfois, on doit partir
Quand on aime,
Pour le bien de l’autre
Ou pour le sien.
Parfois, on devient
L’étranger, le masqué,
Non par choix,
Mais par nécessité.
Parfois, on perd des visages aimés
Dans les méandres de l’oubli,
Non par abandon,
Mais par le poids des années.
Parfois, on croit tenir
Des certitudes solides,
Mais le vent change,
Et tout vacille.
Et… Parfois,
Dans le silence d’une nuit profonde,
On se retrouve enfin face à soi,
Nu devant les vérités qu’on fuyait,
Réalisant que les « parfois »
Sont les fissures par lesquelles
La clarté s’infiltre.
Une paix fragile,
Un éclat de vérité,
Et, peut-être, parfois,
Un sens à notre existence.
Arwa BEN DHIA
Paris, le 24 octobre 2024
Traduction du poème « Parfois » en portugais par Judivan Vieira
Às vezes
Às vezes, levados a fazer
O que ao coração não apraz
Em gentil intento de agradar
Aos que amamos mais
Às vezes levados a mentir
Aos entes, que queremos mais
Oh, dizemos: não sofrais
Às vezes fingimos sorrir
Engolindo suspiros
Que escondem em labirintos
A profunda dor,
Oh dor que a mim,
me deixa mentir.
Às vezes, apenas partir
Desintegrando o amor
Que arde nos pronomes
Que conjugamos
Em ti, em nós, em mim
Às vezes, vendo sem me ver
A máscara no espelho de mim
Sem poder escolher o que ser
Cedendo à necessidade em ti
Às vezes, rostos amados se vão
Nos meandros do esquecimento
Sem que que os tenha abandonado
Às vezes, a convicção pueril
De certezas sólidas,
Que o vento torna chuva fina,
O oscilo do tempo…
Às vezes, na silente noite
No mergulho profundo, o nós,
Finalmente, cara a cara,
Nus, ante verdades das quais fugíamos
Percebendo que os “às vezes”
São as rachaduras explícitas,
A clareza que se infiltra
A paz frágil, finita
A verdade que explode,
O talvez, o “às vezes”
O próprio significado de existir.
Arwa BEN DHIA
Arwa BEN DHIA est une poétesse franco-tunisienne, née à Tunis en 1986, autrice de plusieurs recueils de poésie dont « Les quatre et une saisons » paru en octobre 2024 aux éditions du Cygne en France et aux éditions Arabesques en Tunisie et « Silence Orange » des éditions Mindset paru en mars 2023, transcrit en braille et primé lors de la Journée internationale des femmes en 2024.
Polyglotte, férue de littérature, de philosophie, d’arts, de voyages et de langues étrangères, Arwa BEN DHIA lit, écrit et traduit à ses heures perdues. En mai 2024, elle préface le recueil « À Nu » des éditions Milot et contribue à l’ouvrage collectif « Poésie : luttes et combats » des mêmes éditions. Elle est membre de plusieurs associations culturelles dont Apulivre, Coup de Soleil, Femmes & Diversités et Mâlouf Tunisien Paris.
De formation scientifique, Arwa BEN DHIA exerce le métier d’ingénieure brevets au sein de Vallourec, leader mondial des solutions tubulaires pour le secteur de l’énergie. Elle est mandataire agréée près l’Office Européen des Brevets et qualifiée Conseil français en Propriété Industrielle.
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