Hafid Gafaïti – Cet amour s’appelle Poésie

Poésie
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Hafid Gafaïti
Cet amour s’appelle Poésie

Par Michel Bénard

Hafid Gafaïti - Cet amour s’appelle Poésie

Hafid Gafaïti est une voix poétique majeure, une voix mémoire, une voix racine, mais également une voix espoir et transcendance, celle de la confiance.

La poésie est un état d’urgence 

Une volonté d’ériger une passerelle entre l’Occident et l’Orient pour lutter contre l’obscurantisme et l’ignorance.
La poésie, aujourd’hui plus que jamais, est un état d’urgence, une nécessité humaine, un acte à échelle d’homme lui restituant sa grandeur.
Hafid Gafaïti le confirme, l’univers, la nature sont garants de sagesse et nous replacent, grotesques que nous sommes, face à nous-même, alors qu’un grain de sable porte l’éternité et pour le poète, peut donner naissance à ses mots au-delà du non-dit, du non-évoqué.
Il arrive parfois que le langage d’Hafid Gafaïti nous entraîne dans un labyrinthe au risque de nous égarer afin de mieux nous retrouver.
Certains de ses textes contiennent la densité initiatique d’un haïku mais ne nous y trompons pas, il est plus délicat de toucher à l’essentiel que de sombrer dans le piège du dithyrambe.
Il est inutile parfois de prétendre nommer, Hafid Gafaïti le sait : « La terre était précieuse elle n’avait pas de nom »
Discrète, la femme est bien présente dans l’œuvre de notre poète car il la sait porteuse de l’annonciation des mots de demain, ceux d’un devenir possible, que seul l’homme simple saura comprendre.

Hafid Gafaïti sait et se méfie de la « vanité lucide de la poésie », c’est bien pourquoi il n’en préserve que l’essentielle substance, tout en étant conscient qu’il convient de demeurer dans la prudence des mots.
En homme sage, il reste attentif à la prophétie, au silence, à la flamme de chandelle si chère à Gaston Bachelard, ce merveilleux philosophe des poètes.

En passant par Jérusalem, Hafid Gafaïti rencontre symboliquement Bouddha au cœur de trois monothéismes de la discorde, alors il ferme les livres de la prière, des pleurs, des litanies, des lamentations et des promesses non tenues de l’insoutenable mensonge.

Présentation des Recueils de Hafid Gafaïti à l’Espace Mompezat Paris 

Chacun de ses textes pose la question du sens de l’existence, de la crédibilité du dit, du verbe dans un monde où tout n’est que falsifications.
Notre poète alors veut : « oublier les humains pour les aimer à nouveau. »
Chez Hafid Gafaïti, pas un mot de trop, les textes sont ciselés, polis, afin d’en mieux révéler l’intime de leur éclat, c’est une poésie qui exige de son lecteur d’être méritée, d’être perçue, d’être décryptée, elle ne s’offre pas comme une dévergondée, il faut la courtiser, c’est le prix de l’amour qui se doit d’être respecté et glorifié.

Cet amour s’appelle Poésie et c’est bien ce que vous êtes venus partager ici avec Hafid Gafaïdi, tout en sachant que l’acte de poésie est une respiration de l’âme et son élévation vers l’humanité et l’universel.

Poème choisi 

Mes langues

Compagnon d’Ovide
sourd au dialecte des dieux,
je parcourrai villes romaines, légendes marines
sur les côtes de Mauritanie,
quand au crépuscule de l’eau
Augustin arriva à Carthage
Juba II épousa Hélène.

Tifinagh défunt, tamazight blessé,
genèse grecque, hébreux oublié,
silence latin ou turc,
défi arabe ou français,
anglais de science, de puissance et de rage,
espéranto parfois rêvé,

Insecte en quête de paradis,
je trahis chaque mot,
depuis qu’ayant perdu ma langue,
je chasse mes ombres ivres
de fleuves à champs de blé,
d’invasions à marchés,
d’amours à incendies,
de vos massacres à ma liberté.

Michel Bénard

Vice-Président de la Société des Poètes français.
Lauréat de l’Académie française
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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