Raffaele GATTA : Retour chez soi (Nous tous)
Extraits de Ritorno a casa (noi tutti) [Retour chez soi (Nous tous)], poèmes inédits de Raffaele GATTA
Traduits par Irène Dubœuf
Terre safran
La mort est une amie, elle est comme le plomb des chasseurs,
un tir en montagne dans le silence.
Violet intense et paysages variés, terre safran
d’une ocre à demi répandue sur les visages de visions flottantes…
oui c’est vrai, tu me disais : nous sommes arrivés en Turquie
après une nuit en mer. Mince, la peur de tomber
dans le noir et mourir : ma mère, ma mère où est-elle ?!
L’Italie est belle, je suivais la série A depuis mon enfance,
Ici, en Allemagne, il fait toujours froid
chez nous il neige aussi, mais pas toujours !
Oh ami, comme je me sens seul,
où vais-je aller ? Que vais-je faire ?
Absence
Reste chaque fois cette absence.
Tout le temps perdu dans les rues au milieu des employés
au chômage et des voleurs dans une ville
qui essuie une totale défaite.
Chaque jour, tu reviens sur ces quatre années de dépression,
repensant à l’histoire de ce pays comment
elle est devenue un simple reflet extérieur de ton mal-être.
Cage dorée
Toujours encore et encore
encore
et toujours dans une antithèse identique
une fluidité structurelle
un leurre permanent
retourner chez soi
dans une éternité renouvelable.
Tu ne le comprends pas
et tu restes dans une cage dorée
comme si tu attendais l’amour
au lieu de la mort
Quelle maison ?
Revenir est possible
revenir chez soi
mais où est notre maison ?
Les racines ont-elles un sens si elles
effacent la plénitude du vent ?
Les racines existent et sont uniques
mais sous la terre, elles creusent et
embrassent d’autres…
d’autres racines
Le poète
Raffaele Gatta est né à Frosinone le 1er août 1980 et a vécu quelques années en Allemagne entre Munich et Berlin. Il est diplômé de l’Académie des Beaux-Arts, en Arts Plastiques et en Lettres. En Allemagne, il a obtenu la Carte de Presse « Internationaler Presseausweis » pour le journalisme. Il a collaboré avec des magazines, écrit des critiques d’artistes italiens vivant en Allemagne et a traduit des textes poétiques de l’allemand pour un magazine littéraire : Niederngasse. D’autres écrits ont abordé des questions sociales ou politiques et ont été publiés dans la revue Interventi de Munich et Don Orione Oggi. En tant qu’artiste, il utilise la photographie, la vidéo, la peinture, traitant de thèmes tels que celui du « Superflu » (thème du matérialisme-consumérisme) et des médias « Flashs-infos » dans la société occidentale (thème repris par Guy Debord dans « La Société du spectacle ») et a exposé en Italie, en Allemagne et aux États-Unis. Il est l’auteur de cinq livres dont deux de poésie : Un Religioso Silenzio (Un silence religieux), Edizioni Andromeda, Roma, 2011 et Uomo Libero (Homme libre), éditions Nulla die, 2023. Plusieurs de ses poèmes sont parus en anthologies et/ou ont été traduits en français et en espagnol et publiés dans des revues en France, en Espagne et en Amérique latine.