Poésie

Poème d’un détenu « J’appelle »

Poème d’un détenu  « J’appelle »

La poésie libère un cri  

La poésie a un certain don d’ubiquité, elle se dédouble, devient multiforme, elle s’invite, s’infiltre un peu partout, elle trouve même une place privilégiée dans les milieux carcéraux où sa signification réelle a sans doute beaucoup plus raisons qu’ailleurs, d’ampleur également car ici elle libère un cri trop souvent refoulé, en vue sans doute de retrouver une place dans la société. Puisse-telle relever la tête, reprendre confiance et croire encore en l’espoir.

Michel Bénard.

Ce poème d’un détenu que nous nommerons A.D a reçu l’autorisation d’être publié, par l’administration pénitentiaire et son accompagnant, au terme de nombreuses démarches.

Poème d'un détenu « J’appelle »
Salvatore Gucciardo : les mains de l’espoir

J’appelle

J’appelle à plein regard la fureur d’une larme

sur la joue de l’enfant

qui va mourir de faim…

 

J’appelle à pleins poumons le silence des mots

de ces hommes marchant

le mensonge à la main…

 

J’appelle à plein espoir le miracle de paix

que le choc des mitrailles

occulte au creux des jours.

 

J’appelle à plein délire mes rêves de bonheur

que le vouloir humain

brise dans mes tourments.

 

J’appelle à plein amour la grâce souveraine

qui fait de toi la reine

aux heures de désespoir…

 

J’appelle à plein cœur un unique sourire

sur le visage hideux

de la foule en délire…

 

J’appelle le monde de ma lèvre meurtrie

afin qu’on entende ma prière,

ultime soubresaut…

 

J’appelle pour toucher la sensibilité du monde

mais le monde

me dit tais-toi…

AD

 

Photo de couverture @ Eliane Hurtado : Liberté volée

Société des Poètes Français

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