Poésie

Une galaxie poésie nommée Alima Abdhat

Une galaxie poésie nommée Alima Abdhat

POÈTES SUR TOUS LES FRONTS

Par Lazhari Labter

Écrivain

 

Colères, qu’êtes-vous devenues ? Aux éditions D’ores et déjà, à Paris, en 2019 et Puisque tu es la mer aux éditions Anep, à Alger, en 2021.

Une galaxie poésie nommée Alima Abdhat Une galaxie poésie nommée Alima Abdhat

Deux recueils de poèmes signés Alima Abdhat et c’est tout ! C’est tout, dites-vous ? Mais ce sont là deux recueils qui donnent à voir le « tout » Alima Abdhat,  qui vous saisissent, au sens littéral du mot, dès que vous les ouvrez, par les mots qui s’entrechoquent, les verbes qui chantent à vos oreilles et les images qui dansent devant vos yeux à vous donner le vertige ; des mots, on dirait inventés ou réinventés, tressés comme des colliers de perles de couleurs, taillés dans la chair florale de la langue et ciselés comme des pierres précieuses, des mots faits de soie et de dentelle, de velours aussi ; des mots de poétesse qui disent l’« Essentiel Désir ». Désir d’aimer, de vivre, de dire et de durer ; des mots cris de cristal, écrits de feu et de glace, de folie douce et d’enfer brûlant.

C’est qu’Alima Abdhat, inconnue du grand public « débranché » de la galaxie poésie, mais reconnue par le cercle des poètes « branchés » muses et musiques, est une authentique poétesse qui sait de la « boue » tirer de l’or pour paraphraser une citation célèbre du grand poète français Charles Baudelaire. L’or qui émaille ses vers, elle va le chercher au cœur des galaxies, des poussières d’étoiles, des étoiles de mer, ces azalées exquises, dans les laves incandescentes qui fécondent les terres mortes, les reverdissent et les fleurissent une fois la fureur des entrailles de la terre en feu apaisée et la bouche ardente du volcan fermée, dans les éclats de diamants des aurores et le rougeoiement des crépuscules, à la lisière des nuits noires dans l’attente de lunes d’argent, à l’orée des jours dans l’espoir de l’or du soleil, au fin fond des brasiers des désirs ardents, des éclats de colères éclatées et des mers à nommer, à découvrir et à dire.

À travers ses poèmes, on sent tout ce qu’elle doit à Charles Baudelaire (1), Arthur Rimbaud (2), Stéphane Mallarmé (3), Lautréamont (4), Pablo Neruda (5) et tant d’autres poètes qui ont irrigué ses sillons d’où éclate en vers et en verve, originale et originelle, sa poésie, étincelante, éblouissante, fécondante. En colères apaisées comme des mers calmes après la tempête. Ce qu’elle doit aussi aux chants d’El Bar Amar (6), Aïssa el Djarmouni (7) et Beggar Hadda (8), Georges Brassens (9), Bob Dylan (10) et Violetta Para (11) qui

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent
.(12)

Si vous aimez la poésie, je vous invite à entrer dans la danse des mots émaux avec Alima Abdhat.

Si vous aimez la poésie, je vous recommande de vous laisser couler avec délice dans cette mer en attente d’être découverte, de ses belles îles vertes et des ides de Mars, en ce jour festif annonciateur du printemps  : la Mer d’Alima.

À nulle autre pareille.

Danse

Elle danse

Et la musique s’éveille,

S’émerveille.

Se révèle,

Miel.

Elle danse,

Se balance,

Balancier du désir,

Sainte et Nitouche

Nom d’un chien,

Don des Dieux.

Et la musique s’enivre

Se délivre.

Elle danse

À portée de main

Vire en vrille

Vacille et versa

Rêves posthumes

Échos vibrants

Rythmes, accords

Accrocs

Il la suit

Du bout des yeux

Corps en berne

Bras en croix

Immobile

Pas à pas

Bout d’écumes

Bout de bois

Au gré des vagues de ses pas.

Pas à pas

Il se noie…

 

Douleur crue

Je suis à toi puisque tu me veux

À tes frissons sur mes cheveux

Tes griffes sur mes sanglots

Chair livide sous ma peau

Puisque tu me veux.

Puissent ma poitrine nue

Mes flancs

Flamber ton front de feu

Noyer regard dans tes flots

Furieux.

Que ta bouche bleue me ronge

À coups de dents, puis s’évapore

Et meurt enfin assouvie de l’écho

D’une angoisse plus lointaine que ces mots.

 

* Enseignante à l’Université d’Alger.

Une galaxie poésie nommée Alima Abdhat 

Lazhari Labter : J’aime bien commencer mes entretiens avec les poètes pour cette rubrique de « Souffle Inédit » avec la convocation de souvenirs. Qu’évoque pour toi ce tableau de peinture ?

Une galaxie poésie nommée Alima Abdhat

Alima Abdhat : Il évoque ça :

Une galaxie poésie nommée Alima Abdhat

La mer. La merveilleuse mer qui a bercé mes rêves d’enfant et dont j’aimais imaginer que les somptueuses allées du centre-ville y échouaient, comme à Skikda (13) où me menaient excursions de petite scout et vacances familiales, ou sur les photos de la lointaine et majestueuse Alger. En voyage, dès que, nez collé à la vitre, je rêvassais, les terres nues de la région viraient couleur sable et muaient en plage dont la seule vocation est forcément de mener, tôt ou tard, à la mer.

Et s’il n’y avait en fin de parcours qu’un oued ou une modeste source de la région, ils bruissaient du chant des vagues, sac et ressac au creux des gorges d’El Kantara (14), aux pieds des balcons de Ghouffi (15) ou aux racines immortelles des ruines de Timgad (16) d’où j’avais une magnifique vue sur l’Acropole d’Athènes. – je pensais que c’était à Rome.

Puis, je vins à Alger. Et au fil des années, la mer finit par ressembler à ça…

Une galaxie poésie nommée Alima Abdhat

À la couleur ocre de la chair de ma terre et de ses roches en pierre précieuse ; à cette lumière de pixels sablonneux où baignent les lacets vertigineux des sentiers qui guidèrent mes premiers pas ; à l’aridité féconde de ses sources et à l’ingéniosité de ses cours ; à la chaleur des miens aux nuits glaciales de l’hiver ; à leurs ombres si rafraîchissantes, l’été torride, venu.

Ce tableau réfléchit mes particules sensorielles vers une éternité d’effervescences enfantines, bruissements, fragrances de lait, de miel et de tendresse ; une innocence, vertigineuse écorchée d’azur, un soleil acre jalousement émietté à mes pieds nus dans l’eau où « ne restent que les galets » et la sagesse des ancêtres qui nous attendent.

Le moment venu, Je retournerai à eux, au pas de la sérénité tumultueuse d’un poème.

 

Lazhari Labter : Poétesse quasi inconnue, tu viens d’être sélectionnée le 4 février 2023 pour ton poème « Écrire » comme finaliste, parmi huit autres poètes du Togo, d’Islande, d’Haïti, de France, du Gabon et d’Italie, dans la Section Poésie inédite en langue française par le Jury de la Huitième édition du Prix international de poésie – Sur les traces de Léopold Sédar Senghor, présidé par Pap Khouma, directeur de la revue Littérature de la Migration ? Qu’as-tu ressenti au moment de cette annonce ?

Alima Abdhat : J’étais heureuse. Heureuse pour mes petits poèmes, comme on l’est pour nos enfants quand ils réussissent un truc, à l’école, à la fac, au sport ou ailleurs. Bien sûr, qu’on est flatté : on y est quand même pour quelque chose ! Mais le succès leur appartient, ils en ont le mérite. Et ce qui vient à l’esprit dans ces moments-là, n’est pas un « bravo moi » déployé en queue de paon mais avant tout et surtout le souhait ardent qu’ils poursuivent leur bonhomme de chemin. Je serai là pour les y aider. Comme le jury qui a sélectionné mon poème m’y aide – je l’en remercie sincèrement. Tout l’intérêt des Prix et rencontres culturels est précisément là : élargir cette chaîne de partage qui stimule la création et attire quelque lumière sur ses fruits.

 

Lazhari Labter : Née à Batna (Est algérien) tu as en partage ce « pays » farouche et rebelle des Chaouis, sans parler de Dihyia-Kahina (17), avec cinq grandes femmes libres et révoltées, la grande chanteuse Houria Aichi (18), née à Batna, la poétesse Anna Gréki (19), née à Mena, les romancières Fadhila El Farouk (20), née à Arris, Nassira Belloula (21), née à Batna et Yamina Mechakra (22), née à Meskia, à propos de laquelle Kateb Yacine (23), l’auteur du célèbre roman Nedjma, dans sa préface à son roman La Grotte éclatée dit en élargissant le champ à toutes les femmes qui osent rompre le silence par le verbe que « Dans notre pays, une femme qui écrit vaut son pesant de poudre. » D’or ou de poudre pour toi ? Ou les deux ?

Alima Abdhat : Une reine mythique, une poétesse moudjahida, une étoile filante de la galaxie Kateb, une artiste et des auteures à succès, voilà le prestigieux lignage où la question m’invite à m’insérer.

C’est aimable et flatteur mais me laisser tenter serait prétentieux. Bien léger, en tout cas. Houria, Fadhila et Nassira ont des carrières que je n’envisage même pas. Yamina est une fulgurance, donc une singularité au sens strict. Quant à Dihyia et Gréki, elles sont pour l’éternité des horizons ; il faudrait un sacré ego et un talent d’alchimiste pour les confondre avec un miroir. Je n’ai ni l’un ni l’autre et en suis fort aise !

Certes, j’écris. Certes, je suis une femme. Mais ni or, ni poudre dans l’histoire : seulement des mots en bribes de vers. Si un lecteur y déniche une pépite aurifère, elle lui appartient de droit : n’est-ce pas son regard qui l’aura créée ? Si une lectrice en fait une arme pour se défendre d’une injustice, elle les aura ennoblis d’une finalité sociale dont je suis forcément solidaire.

Mais au moment d’écrire, je n’invoque pas les dieux de la littérature, ne défie pas les auteurs qui m’ont offert le goût de lire, et n’agite pas les idéaux qui justifient celui de vivre. Je m’en cache presque, de peur que l’éclat de leur ombre penchée sur ma feuille n’en gomme les mots que d’une main hésitante, je dépose. Modeste obole pleine de gratitude pour tout ce qu’elles/ils nous ont donné.

Reste Batna. Capitale du « pays farouche et rebelle des Chaouias ». La métaphore est belle et probablement vraie, sous l’œil d’un sociologue. Mais j’avoue qu’elle ne correspond pas à mon vécu et à mon ressenti. Enfant et adolescente, j’ai baigné dans un milieu nationaliste où il ne fut jamais question d’une « vertu guerrière » particulière à la région, mais seulement de participation au combat du peuple et de la nation auxquels elle appartient. Et la ville de Batna, cosmopolite par l’origine de ses habitants, favorisait cet état d’esprit.

J’y ai donc vécu la vie ordinaire d’une jeune algérienne de ma génération. Les carcans sociaux, le souffle (certes amorti) des tempêtes idéologiques, la libération (relative) par les études et surtout, la liberté (infinie) à laquelle on accède par l’exploration de l’univers littéraire. Notamment la galaxie poésie, où je m’amuse à lancer des cendres d’émotion en poussières de poèmes.

 

Lazhari Labter : Tu as publié deux recueils de poésie Colères, qu’êtes-vous devenues ? en 2019 aux éditions d’Ores et Déjà en France, suivi de Puisque tu es la mer en 2021 aux éditions Anep à Alger ? Pourquoi as-tu attendu si longtemps alors que la poésie t’habite depuis toujours et que tu as le talent d’une grande poétesse ?

Alima Abdhat : Si un bourgeon de poésie m’habitait, il fut un locataire des plus discrets. Jamais il n’élevait la voix pour demander parole, ou levait le petit doigt vers une plume ou un clavier.

C’est qu’il connaissait les règles de la maison : le strict respect des maîtres et maîtresses qui squattaient les étagères d’une vieille garde-robe élevée au rang de bibliothèque. On ne parle pas en même temps que Dib (24), Kateb ou Sénac (25). On lève le poing et on serre les dents pour Rítsos (26), Hikmet (27) ou Neruda. Quand on quitte la table de Baudelaire, Rimbaud ou Verlaine, on jeûne, pour garder aux lèvres la saveur de leurs vers. Et porte ouverte aux bardes de passage : qu’El Bar Amar, Aïssa el Djarmouni et Beggar Hadda fraternisent avec Brassens, Dylan, et Violetta Para.

Comment oser un grain de sel ? Et d’ailleurs, pourquoi ?

Pourtant cette ascèse volontaire du silence n’en était pas réellement une. Ce n’était qu’une ruse, inconsciente ou volontaire, de bonne ou mauvaise foi, on me le dira un jour…

Car lire et relire avec ses tripes, c’est écrire et réécrire avec une plume virtuelle. Cela finit par susciter des échos en creux sur nos pages blanches, des graines apportées par les vents et qui finissent par éclore à notre insu dans les sillons du silence.

Le reste ne fut que questions pratiques d’édition.

 

Lazhari Labter : Dans la présentation de sa célèbre anthologie Le livre d’or de la poésie française des origines à 1940, le poète et le plus célèbre éditeur de la poésie française Pierre Seghers écrit : « Les aventuriers de la poésie demeurent indéfiniment vivants. Ils sont votre plus secrète, votre plus intime compagnie. Si certains vous distraient, d’autres iront beaucoup plus loin, ils vous révéleront à vous-même. Et quelques-uns, à l’improviste, vous conduiront à la réflexion. Devant tant de richesses et de présence, on se dit qu’il ne faut pas être respectueux, mais avide. D’où qu’il vienne, et même des plus réservés, le poème est un cri d’amour : il appelle à une mystérieuse communion, il cherche autre voix, une moitié qui est vous-même. Si la poésie ne vous aide pas à vivre, faites autre chose. Je la tiens pour essentielle à l’homme autant que les battements de son cœur. » Partages-tu ce point de vue ? Quelle place la poésie tient-elle dans ta vie et que t’apporte-t-elle ?

Tu as l’art de faire chanter et danser les mots à en donner le vertige, des mots tressés comme des colliers de perles de différentes couleurs, taillés dans la chair florale de la langue et ciselés comme des pierres précieuses, des mots faits de soie et de dentelle, des mots de poétesse qui disent l’« Essentiel Désir ». Désir d’aimer, de vivre et de durer. Quel rapport as-tu aux mots ? Serais-tu une amoureuse du verbe et du vocabulaire qu’on pourrait qualifier de follement ou de passionnément amoureuse sur l’échelle des pétales de la marguerite ?

Alima Abdhat : Les deux questions (5 et 6) se recoupent autour du concept de poésie et se complètent concernant le rapport à l’écriture (et aux mots « en général »).

Seghers a consacré son œuvre et sa vie, à promouvoir la poésie, « essentielle à l’homme autant que les battements de son cœur ». Tout est dit. On peut juste ajouter, je crois, au diapason de l’auteur que ce faisant, la poésie affranchit même ce cœur de la tyrannie d’une obscure mécanique qui nous échappe, pour ouvrir à la vitalité, le champ infini du possible, dont elle remet en plus les clés à l’homme ; celui qui écrit comme celui qui lit. Et d’en jouer comme d’un instrument de musique…

Je ne résiste pas à l’opportunité que m’offre ce questionnement, de partager une lecture récente très enrichissante, « un éloge de la poésie » dont l’auteur, J.-P. Siméon dit tout haut et clairement, ce que je ressens tout bas et (plutôt) confusément, je dois l’avouer. [1] Il constitue un « Manifeste de Parti Poétique » qui prolonge, actualise, synthétise et explicite la tradition la plus féconde en la matière.

Ce qu’est la poésie ? Deux extraits…

« (La poésie) est l’exploration continuelle de toutes les formes possibles de la parole humaine et la preuve donc de son irréductible liberté. La poésie est même le lieu d’une liberté sans limites. En connaissez-vous d’autres ? Non seulement elle s’affranchit sans vergogne de toutes les lois qui régissent son domaine propre, la langue (lois rythmiques, phonétiques, lexicales, sémantiques, syntaxiques), mais elle s’affranchit des représentations du réel, préférant par exemple la suggestion, l’allusion, le détour à la stricte dénomination. Elle n’a que faire même des préjugés de la morale et des injonctions du bon sens. Ce primat d’une liberté absolue qui se manifeste dans l’invention d’une langue a priori impossible, voire inadmissible, est à la fois le signe et la condition la plus essentielle de la poésie. C’est sans doute ce que voulait signifier la revendication de Rimbaud d’une “liberté libre”, impudent pléonasme qui dit l’intransigeance de ce vœu. ».

Par cette subversion du langage, la poésie…

« (…) ouvre les portes invisibles d’oppression sournoise, pas moins violente d’être symbolique, dans laquelle la langue ordinaire enferme notre saisie du réel, l’expression de nos vies et notre compréhension du monde. »

Mon rapport à la poésie ?

La poésie n’est pas un « outil », une « vocation » ou une « ambition ». À la limite, même sa matérialisation sous forme de poème n’en est pas la preuve d’existence : certains sont poètes sans avoir écrit une ligne et l’inverse est vrai. La poésie est avant tout une façon d’être…

« …“l’état de poésie ” qui est concrètement une autre manière de voir, d’entendre, de comprendre, de se situer dans le tout du monde ; il s’agit de se vouloir traversé sans précaution par le flux du réel. Comme si notre être, par une hypersensibilité à l’autre, en soi et hors de soi, se mettait à incandescence, dressé dans une attention supérieure qui nous livre soudain des choses, ce que dans le cours ordinaire de nos existences (…) nous manquons inévitablement. »

Je ne peux malheureusement citer plus largement ce livre mais j’y retrouve mes aspirations en matière de poésie. Et je tenais à les partager.

Lazhari Labter : Ta poésie, essentielle et sensuelle, procède de cette mystérieuse alchimie que seule la communion avec les mots dans l’acte d’écrire et avec les corps dans l’acte d’amour peut expliquer. « Il y a dans la sensualité une sorte d’allégresse cosmique », affirme Jean Giono (28) dans son roman Jean le bleu. Poésie et sensualité vont-elles de pair pour toi ?

Alima Abdhat : « Essence », « sensualité », voilà deux concepts qui « sonnent (tellement) bien » qu’ils déclenchent en moi, les alarmes anti-clichés dont l’entretien est la gymnastique … « essentielle » – au sens premier – de mon hygiène intellectuelle.

La liberté fut un combat contre les « essences ». La pseudo « nature féminine », par exemple, que l’on accable d’ailleurs, du « devoir de beauté », même si l’injonction est édulcorée par la rhétorique du compliment.

« Ma » poésie, « essentielle et sensuelle » ? D’abord, le chemin est long, de l’écriture de poèmes à l’élaboration d’une poésie légitimant un possessif exclusif ; et je ne me soucie guère d’en voir le bout – à supposer qu’il existe – tant il me plaît de musarder, sans itinéraire ni boussole ; vive la « poésie buissonnière ». Le qualificatif « essentiel » est sûrement, juste suggéré par le regard empathique, introspectif, « explorateur » que j’essaie de porter sur les choses et les émotions, au-delà de leurs surfaces. Dans ce sens, j’y adhère.

Quant à la « sensualité », elle serait bien mal lotie si on devait l’assigner à demeure dans mes poèmes ! Quelques vers, voire quelques mots, tout au plus, pourraient être sollicités en ce sens ; mais il est vrai que de nos jours, il suffit qu’une femme porte une jupe – même pas mini, d’ailleurs – pour que les têtes se retournent sur elle dans la rue ! Veillons à ne pas aligner nos critères esthétiques à l’aune imposée par les frilosités sociales.

Un mot sur « les mots dans l’acte d’écrire et les corps dans l’acte d’amour ». J’avoue d’emblée ma « ringardise », « fleur bleue comme une orange » : je pense que dans les deux cas, c’est « le cœur » qui commande à tout. Position étayée d’ailleurs par Cheikh Brassens dans un fameux sondage que j’estime tout à fait fiable ! (« 95 fois sur cent », in album 1972). J’en rappelle juste les deux vers les plus chastes et les plus significatifs :

« S’il n’entend le cœur qui bat

Le corps non plus ne bronche pas »

Au total, « Poésie et sensualité vont-elles ensemble ? » La poésie est liberté et ne va de pair qu’avec elle-même. Ensuite, peu importe dans quel sens elle mène le poète et son lecteur…

  1. Charles Baudelaire, célèbre poète français (1821-1867), auteur des Fleurs du Mal.
  2. Arthur Rimbaud (1854-1891), célèbre poète français, figure majeure de la poésie universelle, auteur des Illuminations et d’Une saison en enfer.
  3. Stéphane (Étienne) Mallarmé (1842-1898), célèbre poète français et traducteur d’Edgar Allan Poe notamment, Son poème Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, composé en vers libres,  c’est l’un des tout premiers poèmes typographiques de la littérature française publié en 1897.
  4. Lautréamont (Isidore Lucien Ducasse de son vrai nom, né le 4 avril 1846 à Montevideo et mort le 24 novembre 1870), est un célèbre poète franco-uruguayen, auteur des Chants de Maldoror.
  5. Pablo Neruda (1904-1973), célèbre poète, écrivain, penseur, diplomate et homme politique communiste chilien, auteur de très nombreux ouvrages et recueils de poésie dont Veinte poemas de amor y una canción desesperada (1924), publié en français sous le titre Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée.
  6. El Bar Amar, chanteur populaire algérien
  7. Aïssa el Djarmouni, chanteur populaire algérien
  8. Beggar Hadda, chanteuse populaire algérienne.
  9. Georges Brassens (1921-1981), célèbre auteur compositeur interprète français.
  10. Bob Dylan (Robert Allen Zimmerman de son vrai nom, né en 1941 à Duluth, Minnesota), est un auteur-compositeur-interprète, musicien, peintre, sculpteur, cinéaste et poète américain engagé, l’une des figures majeures de la musique populaire mondiale, Prix Nobel de littérature en 2016.
  11. Violetta Para (Violeta del Carmen Parra Sandoval, 1917-1967), est une artiste chilienne engagée qui a remis à l’honneur la musique populaire et traditionnelle de son pays et l’a fait connaître au-delà des frontières du Chili.
  12. Extrait de Correspondances, célèbre poème des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire.
  13. Skikda, ville algérienne historique située à l’est du pays.
  14. El Kantara : El Kantara ou Kantara (autrefois Calceus Herculis), est une commune de la wilaya de Biskra en Algérie. C’est une oasis située dans le sud-ouest des Aurès, à 52 km au nord de Biskra et à 62 km au sud-ouest de Batna. Le site naturel d’El Kantara et le patrimoine romain sont classés et protégés depuis 1923.
  15. Balcon du Ghoufi : le canyon du Ghoufi est un site touristique situé dans les Aurès en Algérie.
  16. Timgad : Timgad ou Thamugadi (colonie Marciana Traiana Thamugadi en latin), surnommée la « Pompéi de l’Afrique du Nord » est une cité antique située sur le territoire de la commune éponyme de Timgad, dans la wilaya de Batna dans la région des Aurès, au Nord-Est de l’Algérie. Elle fut fondée par l’empereur romain Trajan en 100 et dotée du statut de colonie. Timgad a été classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 1982.
  17. Reine berbère et résistante contre la conquête de l’Ifriqiya par les musulmans au VIIe siècle, après Koceila qui tua Okba Ibn Nafi. Figure historique et identitaire des Chaouis ainsi que des Berbères en général, morte en 703 près de Tabarka, dans le nord de la Tunisie.
  18. Houria Aichi : née à Batna dans les Aurès, chanteuse algérienne interprète de musique chaouie.
  19. Anna Gréki, Colette Anna Grégoire de son vrai nom, poétesse et militante indépendantiste algérienne, née à Batna le 14 mars 1931, morte à Alger le 6 janvier 1966, passe son enfance dans le petit village de Menaa, dans les Aurès.
  20. Fadhila El Farouk, Romancière et poétesse algérienne d’expression arabe
  21. Nassira Belloula, romancière algérienne d’expression française.
  22. Yamina Mechakra : Romancière et psychiatre algérienne, née en 1949 à Meskiana, au nord des Aurès et décédée à Alger en 2013.
  23. Kateb Yacine (1929-1989), célèbre romancier, dramaturge et poète d’expression française, auteur du non moins célèbre roman Nedjma.
  24. Mohammed Dib (1920-2003), célèbre écrivain algérien d’expression française, auteur de nouvelles, poésie, théâtre, contes et romans dont la fameuse trilogie qui l’avait fait connaître dans les années cinquante, L’Incendie, La Terre et le Sang et Le métier à tisser.
  25. Jean Sénac (1926-1973), poète algérien indépendantiste, assassiné à Alger le 30 août 1973.
  26. Yannis Ritsos (1909-1990), célèbre poète grec engagé
  27. Nazim Hikmet (1901-1963), célèbre poète communiste turc
  28. Jean Giono (1895-1970) est un écrivain et cinéaste français.

Lazhari Labter 

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Magazine d'art et de culture. Une invitation à vivre l'art. Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.

One thought on “Une galaxie poésie nommée Alima Abdhat

  • Formidable !
    Je découvre et la revue et la poétesse. Une chance inouïe qui va me permettre de m’enfoncer dans ces vers qui nous reposent du monde horrible qui nous entoure.

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