Ce qui se trame. Histoires tissées entre l’Inde et la France

Lecture de 7 min
Tableau de photos de mains de femmes tisseuses indiennes

À la Manufacture des Gobelins, l’exposition Ce qui se trame. Histoires tissées entre l’Inde et la France explore quatre siècles d’échanges textiles et culturels, sous la direction artistique de Christian Louboutin, jusqu’au 4 janvier 2026.

Une exposition, un festival : Ce qui se trame. Histoires tissées entre l’Inde et la France, à la Manufacture des Gobelins à Paris, jusqu’au 4 janvier 2026

Par Djalila Dechache

Ce qui se trame : quatre siècles de dialogues textiles entre l’Inde et la France

En voilà une affirmation, une question sans point d’interrogation, une évidence, l’expression d’un secret, une manifestation artistique, une idée qui se développe au gré des métiers à tisser d’Inde jusqu’en France. Peut-être un peu de tout cela.

Ce qui se trame

Sous la direction artistique de Christian Louboutin, un parcours qui fait voyager à travers quatre siècles d’échanges artistiques et culturels entre l’Inde et la France.

On y découvre des pièces toutes plus uniques les unes que les autres : les châles du Cachemire, les mousselines du Bengale ou encore les brocarts de la ville de Lyon.

Ce qui se trame
Travelling Roots, Jean-François Lesage, Chennai, Tamil Nadu, collec-tion de Shon Randhawa, 2024 © DR

L’exposition : Ce qui se trame. Histoires tissées entre l’Inde et la France

Dès l’entrée, après avoir franchi une double porte close en bois, le visiteur entre dans un univers étonnant, enveloppant : une antichambre, un boudoir-fumoir, qui vous prend dans ses bras immédiatement, sans possibilité de faire marche arrière.
Tout est tapissé d’une étoffe que l’on pourrait dire à motif cachemire : les murs, les chaises, la cheminée, la pendule, le sofa, tout le mobilier et la suspension, le bougeoir…
Tout a pris l’enveloppe d’un tissu indien, le Shatoosh, étoffe indienne précieuse et fine que « la légende dit qu’elle peut passer à travers un anneau ».

C’est beau et c’est presque étouffant, mais bien vite on cherche un chemin pour comprendre ce lieu unique, qui revient de loin sans doute et d’un autre temps, le XVIIIᵉ siècle français et ses mondaines.
Ensuite, l’étonnement se poursuit avec des pièces remarquables, d’autant plus remarquables que l’on ne s’y attend pas.

Puis le visiteur accède à une salle magnifique au plafond haut, habillée de tentures jaunes, présentant des réalisations somptueuses.

Ce qui se trame
@ DR

Une présentation d’habits d’apparat. On croit franchir l’entrée d’un palais, avec des mannequins prêts à se mouvoir.
En avant de cette présentation, une vitrine ronde présente en étoile une série de quenouilles multicolores de fils d’or.
Sur les murs, de part et d’autre, des châles somptueux et des vêtements féminins sont accrochés.

C’est un ravissement de voir ces œuvres magnifiques. Le lieu solennel renforce ce sentiment de rareté et de beauté. C’est le reflet d’un artisanat millénaire, que ce soit d’un côté ou de l’autre des deux pays, essentiellement féminin pour celui de l’Inde.
L’éclairage est également très étudié et apporte une touche d’élégance et de douceur.

D’ailleurs, à l’étage supérieur, que l’on découvre par un escalier majestueux, que des princesses et des reines pouvaient descendre, des photos de femmes indiennes — visages et mains aux veines apparentes — restituent leur dignité et leur talent.

Ce qui se trame. Histoires tissées entre l’Inde et la France
Tableau de photos de mains de femmes tisseuses indiennes

L’accès à l’étage supérieur est étonnant : un grand écran diffuse un film vidéo de femmes indiennes avec leur rituel autour des divinités et celui du port du sari.

Ce que l’on découvre ensuite rend hommage à la haute couture française, avec des vêtements perlés signés Chanel. Des robes aux fils savamment entrelacés témoignent d’un artisanat érigé en art. On reste pantois devant tant de créativité.

Histoires tissées entre l’Inde et la France © Dominique Châtelet

Concernant le festival, il a démarré les 6 et 7 décembre au Mobilier national. Le festival, autour de l’exposition, est ouvert à tous.
Au programme : ateliers participatifs, performances artistiques, tables rondes et concerts de musique traditionnelle. Il se poursuit jusqu’à la fin de l’exposition.

Une bonne manière de faire dialoguer les cultures.

Un partenariat a été mis en place avec le 19M, nouveau lieu dédié à vocation culturelle pluridisciplinaire, centré sur les valeurs de l’artisanat d’art, afin de créer une œuvre collective.
Avec les brodeuses de Lesage Intérieurs, initiez-vous à la broderie et contribuez à la création d’une œuvre collective : un Arbre de Vie de lin indigo brodé. Cette couleur est emblématique des échanges entre l’Inde et l’Europe.

Petits et grands sont invités à découvrir les gestes, expérimenter les techniques et ajouter leur point à cette œuvre commune célébrant le partage, la transmission et le dialogue entre savoir-faire indien et tradition française.

Une immersion étonnante, vivifiante, artistique et inoubliable.

Générique de l’exposition

Commissariat et direction créative
Mayank Mansingh Kaul, commissaire invité
Christian Louboutin, directeur créatif

Scénographie
Christian Louboutin
Sarah Boston
Jean-Baptiste de Coninck
Lucas de Montalembert
Simon Murin
Caroline Tavignegnane

Prêteurs

En Inde
Chanakya School of Craft (Mumbai)
Devi Art Foundation (New Delhi)
JSW Foundation (Mumbai)
Kiran Nadar Museum of Art (New Delhi)
Rahul Mishra (New Delhi)
Sutrakala Foundation (New Delhi)
Swati & Sunaina (Kolkata)
TAPI Collection (Surat)
Vastrakala (Chennai)
Weavers Studio Resource Centre (Kolkata)

En France
Chanel
Lesage Intérieurs (Paris)
Dior Héritage

Un merci particulier à Anne Derrien, cheffe du service de la communication et des relations presse.

Site web
Lire aussi
Partager cet article
Suivre :
Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
Aucun commentaire