Astérix, L’iris Blanc

Bande dessinée
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L’Iris blanc, le quarantième opus d’Astérix , Une guerre pour la vérité

Par Hyacinthe

Une guerre pour la vérité

Astérix L’Iris blanc

De nos jours, on apprend plus sur « l’art de la guerre » en feuilletant le dernier album d’Astérix, L’iris blanc, qu’en lisant Sun Tzu, Machiavel et Clausewitz tous réunis. C’est que les images prennent place plus facilement dans la tête que les mots, les formules et les préceptes les plus aguerris. Mais nous ne dirons pas de mal du quarantième opus d’Astérix, non seulement parce que l’excellent Fabcaro est aux commandes avec le texte et le nom moins lumineux Didier Conrad aux dessins, mais parce que la culture de l’image, surtout les plus laids, a pris le dessus sur tout le reste. C’est le résultat cinglant de presqu’un siècle de bombardements américains, lesquels sont renforcés par des épigones du monde entier, mais surtout Européens qui ne sont attirés que par l’appât du gain.

Crever l’écran

Le conflit en cours, dit entre « Israël et le Hamas », en est l’illustration la plus bouffonne. Les mêmes Yankees, qui jouent le pire rôle dans cette nouvelle mascarade postmoderne, en sont d’ailleurs les responsables : la momie Joe Biden, qui semble sortir d’un mauvais film américain (n’est-ce pas le cas de le dire !), crève l’écran par son aspect plus irréel que surréaliste, car même les siens ne semblent pas croire que ce gus puisse être à la tête de la prétendue et autoproclamée première puissance mondiale.

Qu’est-ce à dire ? Au début de la chose, c’étaient les Arabes contre Israël (1948-1973), avec quelques épisodes opposant le pauvre jeune État hébreu à l’ogre égyptien, même en 56, quand Israël a, suite à la nationalisation du canal de Suez, mené ce que les Arabes appellent à juste titre « la triple agression », alors que l’Occident entier parle de « la Crise du canal de Suez ». Oui, c’est, entre eux, les Arabes, qui sont méchants, et nous, une affaire de langue. Après tout, Descartes, Voltaire et même le Christ, c’est nous !

Non, sérieusement, c’étaient par la suite les Palestiniens contre Israël (1973-2002), puis c’était le tour du Hezbollah avec le fameux épisode de 2006, souvenez-vous de l’été de cette année-là…, et enfin c’est le tour du Hamas officiellement depuis que cette abominable chose a été créée par qui vous savez, élue également par qui vous savez pour affaiblir, voire anéantir l’OLP d’Arafat puis de Mahmoud Abbas, mais la cerise sur le gâteau de ce conflit qui nous empoisonne l’existence comme le non moins fameux « pudding à l’arsenic » d’Astérix et Cléopâtre, est la date historique du 7 octobre 2023.

Historique…

Mais en quoi cette date est-elle historique ? Voyons donc… Le hideux et barbare Hamas qui attaque et commet des crimes qui ne sont pas encore avérés. Pour toute personne équilibrée, et c’est le cas pour nous, il s’agit d’un acte de résistance, celui d’une entité qui, par la force des choses, incarne un peuple qui souffre, qui est humilié, qui agonise au sens réel du terme. Certes, nous sommes, aux yeux des mêmes épigones, coupables de faire l’apologie du terrorisme, mais nous souhaiterions, en l’absence de Stéphane Hessel et Gisèle Halimi, pour ne citer que ces deux-là, nous en référer à Éric Hazan, Noam Chomsky, ainsi qu’aux otages libérés par le Hamas.

La vérité est moins glorieuse que le mensonge. D’où les fards, les projecteurs et les auréoles qui éclairent encore cette situation littéralement ridicule. Sans oublier que ce dernier a pour origine le rire, nous ne souhaitons pas rire quand la ville de Gaza a été littéralement détruite et que les exactions coutumières de l’armée israélienne ne peuvent plus être appelées que par le nom de génocide.

Ce même génocide existe ou a existé intellectuellement avant que les bombes de Tsahal n’aient été larguées. Disons-le cependant, les tentatives d’attaques au sol ayant été vite déjouées, seules les bombes, notamment à coups de drones, semblent avoir atteint leurs buts : les écoles, les hôpitaux, les familles, les enfants.

À ce titre, la même bêtise américaine efface méthodiquement les preuves des massacres et du génocide israéliens à l’encontre du peuple palestinien. Faute de pouvoir mater le Hamas, on se venge sur les plus démunis. Mais ce n’est pas une première… L’autre massacre a toutefois lieu sur les réseaux sociaux : en suivant de très près ce que les sayanims au service d’Israël publient et ce que les autres du monde entier véhiculent comme informations, la différence est nette : Monsieur ou plutôt Mister Zuckerberg et ses acolytes censurent méthodiquement tout ce qui ne concorde pas avec leurs mensonges effrontés.

Or, il se trouve que les mêmes mensonges, relayés de façon inhumaine par les médias fastidieusement médiocres de tout ce système médiatique aux abois, se trouvent consolidés par des pseudo-écrivains aux ordres, ces espèces de touristes de seconde zone qui confondent le sable, la plage, le croissant, la lune, la synagogue, la mosquée, le ciel, la terre. Vous voulez rire ? Lisez ou relisez avec l’envie de rire les textes ou déclarations d’hystériques dont Eva Illouz et Alain Finkielkraut, de naïfs inféodés à l’instar de Sylvain Tesson et Belinda Cannone, ou encore de vraies positions ridicules qui nous rappellent les tremblements du philosophe Candide, lesquelles nous décrivent si bien Jürgen Habermas et Slavoj Žižek. Mais rions au nez d’un fasciste notoire, Richard Millet, qui, pour retrouver quelques-unes de ses prérogatives, a osé écrire Israël depuis Belfort. En vain !

Croyez-moi, vous ne rirez plus. Vous pleurerez tout votre soûl et vous changerez d’avis. Mais qui êtes-vous ? Vous êtes mes compatriotes à qui le poète et maestro Leonard Cohen a chanté ceci, dans « The Partisan » :

Les Allemands étaient chez moi
Ils me dirent, « Résigne toi »
Mais je n’ai pas peur
J’ai repris mon arme

J’ai changé cent fois de nom
J’ai perdu femme et enfants
Mais j’ai tant d’amis
J’ai la France entière

Un vieil homme dans un grenier
Pour la nuit nous a cachés
Les Allemands l’ont pris
Il est mort sans surprise

Résistance

Pourquoi un Français qui tue un Allemand dans un métro parisien (Barbès) devient le colonel Fabien et son assassinat est qualifié d’acte de Résistance ? ― Parce que ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire. Or, oui, incontestablement, au grand dam de la machine judéo-nazie, les Palestiniens ne sont plus comme les a qualifiés Jean Genet : « Le choix qu’on fait d’une communauté privilégiée, en dehors de la naissance alors que l’appartenance à ce peuple est native, ce choix s’opère par la grâce d’une adhésion non raisonnée, non que la justice n’ait pas part, mais cette justice et toute la défense de cette communauté se font en vertu d’un attrait sentimental, peut-être même sensible, sensuel ; je suis français, mais entièrement, sans jugement, je défends les Palestiniens. Ils ont le droit pour eux puisque je les aime. Mais les aimerais-je si l’injustice n’en faisait pas un peuple vagabond ? » (Un captif amoureux, page 190)

Non, les Palestiniens ne sont plus « un peuple vagabond ». Ils ont décidé de rester sur place, à Gaza, et ils concrétisent la parole de l’un de leurs plus grands poètes, Mahmoud Darwich, qui condamne à l’éternelle errance les occupants et bien sûr leurs acolytes :

Passants parmi des paroles passagères

1.

Vous qui passez parmi les paroles passagères
portez vos noms et partez
Retirez vos heures de notre temps, partez
Extorquez ce que vous voulez
du bleu du ciel et du sable de la mémoire
Prenez les photos que vous voulez, pour savoir
que vous ne saurez pas
comment les pierres de notre terre
bâtissent le toit du ciel

2.

Vous qui passez parmi les paroles passagères
Vous fournissez l’épée, nous fournissons le sang
vous fournissez l’acier et le feu, nous fournissons la chair
vous fournissez un autre char, nous fournissons les pierres
vous fournissez la bombe lacrymogène, nous fournissons la pluie
Mais le ciel et l’air
sont les mêmes pour vous et pour nous
Alors prenez votre lot de notre sang, et partez
allez dîner, festoyer et danser, puis partez
A nous de garder les roses des martyrs
à nous de vivre comme nous le voulons.

3.

Vous qui passez parmi les paroles passagères
comme la poussière amère, passez où vous voulez
mais ne passez pas parmi nous comme les insectes volants
Nous avons à faire dans notre terre
nous avons à cultiver le blé
à l’abreuver de la rosée de nos corps
Nous avons ce qui ne vous agrée pas ici
pierres et perdrix
Alors, portez le passé, si vous le voulez
au marché des antiquités
et restituez le squelette à la huppe
sur un plateau de porcelaine
Nous avons ce qui ne vous agrée pas
nous avons l’avenir
et nous avons à faire dans notre pays

4.

Vous qui passez parmi les paroles passagères
entassez vos illusions dans une fosse abandonnée, et partez
rendez les aiguilles du temps à la légitimité du veau d’or
ou au battement musical du revolver
Nous avons ce qui ne vous agrée pas ici, partez
Nous avons ce qui n’est pas à vous :
une patrie qui saigne, un peuple qui saigne
une patrie utile à l’oubli et au souvenir

5.

Vous qui passez parmi les paroles passagères
il est temps que vous partiez
et que vous vous fixiez où bon vous semble
mais ne vous fixez pas parmi nous
Il est temps que vous partiez
que vous mouriez où bon vous semble
mais ne mourez pas parmi nous
Nous avons à faire dans notre terre
ici, nous avons le passé
la voix inaugurale de la vie
et nous y avons le présent, le présent et l’avenir
nous y avons l’ici-bas et l’au-delà
Alors, sortez de notre terre
de notre terre ferme, de notre mer
de notre blé, de notre sel, de notre blessure
de toute chose, sortez
des souvenirs de la mémoire
ô vous qui passez parmi les paroles passagères

Loin de là

C’est assurément une guerre pour la vérité. Depuis plus de 75 ans, elle est loin d’être gagnée, mais elle commence à l’être par la foi, qui nous semble humaine, trop humaine, de ceux qui la mènent envers et contre tous. Le choix de la date du 7 octobre 2023, qui rend hommage à la date du 6 octobre 1973 et par là même à la bravoure de l’Égypte, montre que la Résistance palestinienne est loin d’être aussi terre à terre. Loin de là. La Palestine est sans nul doute une métaphore et une poétique.

Hyacinthe

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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