Poésie

Barnabé Laye, la voix d’un poète qui ne s’éteindra pas.

Barnabé Laye, la voix d’un poète qui ne s’éteindra pas.

Par Michel Bénard

Une belle et haute voix de la poésie universelle

Une belle et haute voix de la poésie universelle, le Poète franco-béninois Barnabé Laye vient de tirer sa révérence, nous laissant une œuvre capitale, une parole de feu brulant au grand soleil. L’éminent Poète et professeur Hafid Gafaïti, voyait en lui un Poète essentiel, un ascète de la liberté et de l’amour global, un Griot au sens littéral , un esprit épousant l’énergie du monde, dont la voix nous demeure comme un baume salutaire. Comme les « Trois mousquetaires » Barnabé Laye, Hafid Gafaïti et moi étions très liés, dans nos utopies nous repartions à la conquête d’un monde en délitement avec pour mirage celui de remettre l’église au milieu du village. Avec lui, nous cultivions le partage et la fraternité, l’espérance et la vérité. Il « nous invite à aller au-delà de l’indicible. L’Un avec l’Autre en parfaite Union. » Lorsqu’un Poète disparait, ce sont les pans d’une bibliothèque qui s’effondrent, mais déjà, libre et insoumis il se remet à l’ouvrage et fait des nuages son plus beau carnet de voyage. « Au rendez-vous des bons copains / Il n’y avait pas souvent de lapins / Quand l’un d’entre eux / Manquait à bord / C’est qu’il était mort / Oui, mais jamais au grand jamais / Son trou dans l’eau n’se refermait / Cent ans après, / Coquin de sort / Il manquait encore. »   Georges Brassens.

Poèmes choisis 

Il y aurait tant de choses à dire

Le bien le mal les embuches les esquives

Tour à tour chance ou malchance destin ou hasard

Et au coin de la rue des circonstances qui nous échappent.

 

La route est longue et nous sommes loin du port

Nos visages arborent le passage des intempéries

Et les cicatrices balafrées du temps qui passe.

Dans notre nuit d’errance rôdent les fantômes

Nos démons maléfiques et les rêves impénitents.

 

Le temps caméléon change aux multiples nuances du noir.

Sur l’eau trouble des mers traversières

Le noir revêt le jour

Le noir revêt la nuit

Le chemin ?

Où est le chemin ?

Barnabé Laye.

 

Homme né des ténèbres et des gouffres

Hommes du commencement et des cavernes

Tu ignores les sentiers du parcours insondable

Inscrit sur les lignes de ta main et de ton front.

Tu ne sais rien des stigmates et des promesses cachées

Dans les dédales de ta peau et des plis de tes pieds

Tu ne sais rien des oiseaux d’augures et des présages

 

Alors pris de vertiges et d’angoisse

Tu abandonnes ton destin aux mythes et aux légendes.

Barnabé Laye.

 

Poème publié dans « Par temps de doute et d’immobile silence »

Les soirs de grande fatigue te hantent les voix de là-bas

Comme des rumeurs comme des cris comme des pleurs

Des voix qui t’assaillent et te couvrent sous la fracas des clameurs

Et tu tends l’oreille vers les notes graves, le père ou la mère ou bien les voisins

Ceux qui venaient dans la maison aux avocatiers

La voix de ceux qui au petit matin te réveillaient avec leurs prières

Et peut être la voix des femmes marchant vers la rivière

Alors le froid raidit ton corps Tu te recroqueville dans ta solitude

Que faire du passé Homme sans terre sur les chemins étrangers ?

Requiem pour un pays assassiné

Il était un pays
On ne sait
Par quel bout le prendre
Rien à faire
Seulement
Gueuler l’éclat de la blessure
Casser le miroir
Dans les yeux des autres
Fuir l’intouchable image
D’une vérité des jours ordinaires

Comme un enclos
Repaire où dort
L’indigence sur le dos de la pauvreté
Comme une barrière
Une frontière perdue

D’un côté la mer
De l’autre une terre
L’indigence marche au bras de la pauvreté

C’est une démarcation
C’est l’enfer
On n’y peut rien

La sueur brûle
Sur les sentiers du regard
À vif

Dire le pays
Au loin très loin
Au milieu de la faim
Au milieu de la soif

Crier la chose
Enfouie-là au plus profond
De la révolte
Au plus profond de la colère
Au mitan du désespoir

Ou bien
Déposer le lourd fardeau
Et attendre qu’enfin
Un nouveau soleil se lève

Ou bien
Rêver d’un chambardement d’astres
De météores de galaxies assassines
Et s’enfuir
Jusqu’à presque rien
Là-bas
Au toucher de l’horizon

Société des Poètes Français

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