Poésie

Poèmes de Constance Chlore

Mercredi en poésie avec Constance Chlore

Je cherche un nu de lumière

J’entre avec précaution
Dans une végétation sans air : je cherche un nu de lumière
L’ombre pleine de jambes me frappe au visage
Avancer, avancer à grands coups de respiration
Brusquement ce fut la fièvre
Des yeux étincelaient dans l’herbe haute
Ondulante et mystérieuse
Alors commença l’ascension sur un étroit sentier
Les herbes s’étendaient en eaux sources, en eaux fleuves, en grandes
eaux transporteuses de flux, remous assourdissants
Glissades

À toute vitesse

Le sang fit le tour de tout mon corps
Pour oublier ton nom au mien mêlé
Pour endormir ma fièvre
Je n’ai rien vu
Non
Je n’ai rien vu
J’ai senti tant de mouvements
Me creusant
Me vidant
Tant de plaisir.

 

Écoute, Écoute à l’Est, Écoute
Quelques lampes allument encore ce que la digue retient
Seule devant les eaux
Les ombres rapides du vent Scrutent ce que je ne peux plus voir :
Tu cherches ma bouche avec ton œil profond.

Ceux qui ont été mis à nu
charment les flammes
nées des vases brisés.

Crue Nue je ne dirai plus
je suis plus lèvre que gueule
Sous moi bouge un peu de ton ventre
je dors auprès de toi, je dors auprès d’un abîme

Nous sommes tous un violent désert d’espace

Voir est plus prudent que toucher
Voir est déjà te toucher
Dans la mâchoire et l’œil
Le soleil couve, habillé de mains.

 

Le mot Orage 

Le mot Orage

« Attaques éclairs suivies de replis silencieux

aux griffes des pleurs voici de grands chemins très blancs

des bêtes surgissent, puis disparaissent

au point de haltes sèches

la foudre m’a embrassé

Demain j’irai vivre dans les forêts

Rien, ne dis rien, écoute

ce que ce cri de vent glacé

va détruire et proclamer

un jour le mot orage s’est déchaîné »

Que restera-t-il de la foudre et de l’orage ?

Des éclairs amoureux ? La cendre des villes ? Des gestes de pluie ?

Que ce qui doit tomber Tombe.

C’est avec le feu dans la langue que Constance Chlore écrit nos tremblements, l’errance, la violence faite aux hommes, notre relation aux vivants.

Poèmes courts, poèmes longs cherchent au rythme des battements d’ailes un espace plus large.

Loin des gouttes de néant.

Le feu est dans la phrase et éveille nos sens ; les vents arrivent, nous soulèvent. L’œil vient aux fleurs ; le vol des oiseaux n’est jamais loin.

Aimer ressemble à une aile.

 

Constance Chlore

Poème de Constance Chlore

Née à Bruxelles en 1967, Constance Chlore vit actuellement à Paris. Romancière et poète, elle collabore régulièrement avec d’autres artistes dont le compositeur Alain Bonardi. Elle donne régulièrement à lire ses poèmes dans des revues (Midi, Koan, Fusées, Poésie/première etc.) Elle fait régulièrement des lectures de ses poèmes et d’extraits de ses romans dans des librairies, cafés-littéraires et lors d’évènements publics.

Blog Christophe Condello

Poésie 

Lire aussi 

Souffle inédit

Magazine d'art et de culture. Une invitation à vivre l'art. Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *