Le dépossédé de Fayçal Chehat
Le dépossédé, roman de Fayçal Chehat
Par Djalila Dechache
Fayçal Chehat, Le dépossédé – roman Editions Al Bayazin
Couverture du livre chat saisissant un oiseau Pablo Picasso ( Musée Hôtel de Salé , Paris).
Comme il est mentionné sur le bandeau rouge qui ceint le livre, l’écrivain Fayçal Chehat propose son troisième roman après « Hommes perdus au pays du cul du diable » et « Celle qui n‘aimait pas les hommes ». Il ne s’est pas arrêté là puisqu’il édité également un recueil de nouvelles et de poésies.
Journaliste de formation, il s’est d’abord dirigé vers le journalisme sportif avec des articles passionnants à son actif ainsi que des ouvrages sur le sujet du sport. Il a aussi un site très intéressant dédié aux femmes méditerranéennes, on y fait de belles découvertes.
En d’autres termes, l‘homme et l‘écrivain sont prolixes, une âme de conteur tant dans ses propos que dans ses écrits.
Dès les premières pages du Dépossédé le lecteur la lectrice comprend immédiatement que c’est livre qui ne laisse pas indifférent.
Fayçal Chehat nous donne l‘histoire d’un homme remarquable ainsi que d’autres personnages tout aussi attachants.
Le récit composé en 12 parties comme les 12 mois de l ‘année, débute à Blida en Algérie le 3 juillet 1964 à16 h 30 très précisément.
Le personnage de Karim est dans la nasse ! Pour reprendre le titre de cette ouverture de ce qui pourrait ressembler à un polar…familial, rural, loin de la foule déchainée mais qui n‘en demeure pas moins saisissant et palpitant.
Deux hommes se font face, Karim et Ali, la situation n’est pas à la rigolade, l‘un d’eux, Karim le maître de céans a un revolver, un 7,65 mm semblable trait pour trait à ceux des militaires « de l‘armée de libération nationale durant la guerre de indépendance ». On pourrait penser que les bruits et hurlements de la guerre comme toute guerre, se font entendre en écho dans ce lieu loin de tout, dans cette fermette « conviviale ». Il est question de règlement de compte, à l’amiable puis…
Pour raconter une vie il faut le vouloir et il faut du temps, c’est ce qui va se passer tout au long de ce roman d’hommes mais pas seulement.
« Le dépossédé » est un titre qui pourrait faire écho à celui de l’écrivain russe Dostoïevski avec Les possédés, tous deux ont un style littéraire très détaillé.
Ici c’est un homme âgé à qui l’on s’attache très vite. C’est le père, le patriarche, l’oncle, le pilier, le voisin qui est en première ligne pour le bon comme pour le mauvais, sans ciller même s’il marmonne souvent, c’est celui qui a tout donné et qui a tout perdu, qui n ‘a vraiment plus rien. On en a tous connu un dans nos familles.
« Il m’arrivait de temps à autre d’observer mon père du coin de l’œil. Je le trouvait émouvant, profondément humain, une humanité cachée sous un air bougon et une mine renfrognée, (…) Toutefois il arrivait à s’imposer sans en imposer ».
Il s’agit d’Omar et de son épouse Ma Khadija. ( Ma étant le diminutif affectueux de Youma ).Tous eux ont fait de la route ensemble, celle de la vie et de ses vicissitudes , ils sont comme les inséparables, ces oiseaux à la vie à la vie…
Cette femme est comme un cèdre dit le narrateur, « il lui arrivait de m ‘interroger sans avoir l‘air d ‘attendre une réponse » comme cette remarque est juste, souvent les parents ou les aînés font cela, sans avoir l’air, ils questionnement surtout la mère qui se soucie souvent beaucoup trop pour des enfants.
Ils vivent à Aïn Ballout dans la vallée du Cheliff mais cela pourrait se passer n‘importe oû en Algérie et ailleurs dans le monde.
Combien comme lui, comme eux ont été dépossédés, la guerre durant huit ans n‘a pas suffit, il a fallu payer un lourd tribut pour que vive la nation et ses nouveaux citoyens ! Cela laisse des traces c’est certain, des traces visibles et des traces invisibles, plus enfouies qui se transmettent par un silence assourdissant dont les générations suivantes n‘ont que faire, un héritage bien lourd, bien épuisant.
Comme l’a écrit Fayçal Chahat en 4ème de couverture, « la période qui le passionne est celle de l‘agonie du monde colonial et des premiers pas à l‘indépendance » durement et chèrement acquise.
Malgré ce contexte très difficile, le livre « le Dépossédé » ne présente pas de haine, au contraire il y a de nombreux passages drôles qui comme on le sait arrivent à dépasser la tragédie en comédie.
L’auteur a dédicacé ce livre à des membres de sa famille et à un ami. Il semble que la dédicace porte pour tous ceux et celles qui aiment et qui s’intéressent à l ‘Algérie.
Ce qui saute aux yeux est que Fayçal Chehat à une grande culture, des références, un appétit de vie et une bonne humeur surdimensionnés, un humour décapant, un style aiguisé, une faconde à couper le souffle, c’est vraiment le cas de le dire.
De plus le livre de Fayçal Chehat est attachant et agréable à lire comme est agréable et attachante quesa personnalité. Nous serions heureux de lire encore ses textes qui font beaucoup de bien.
Photo de couverture : Crédit @ Facebook de l’auteur
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Très belle présentation du « Dépossédé » et une forte invitation à lire le livre
Merci à Mme Djamila Dechache
Cher Monsieur Rekik , mon amie Monia m ‘a fait parvenir votre message et je voudrais vous dire combien je suis émue et contente , votre message est d’une gentillesse infinie , je suis une personne qui doute beaucoup , vos mots réconfortants m’emplissent de joie, ce sont des mots d’un fin lecteur et ce sera toujours un plaisir pour moi de converser avec vous .Très bonne journée à vous et au plaisir pour de nouvelles pages sur ce merveilleux site culturel et artistique et la vôtre également comme un souffle inédit .Dechache Djalila