Agnès Debord – Le collage est un jardin de l’enfance
Par Michel Bénard
Agnès Debord : Comédienne, Chanteuse, Collagiste et Professeure à l’Université Nanterre
« Le collage est une semence indéfinie qui dialogue avec la mémoire du temps. » Michel Bénard
Agnès Debord s’absente par moments de la scène, du théâtre, de la comédie, de la parodie et du chant pour créer dans son atelier de petites mosaïques de papiers à sa façon.
Agnès Debord artiste jusqu’aux bouts des ongles, coquette qu’elle est, mais dont le parcours ne manque pas de piquant. L’art du collage est une histoire ancienne qui a connu quelques fragmentations.
Dans la réalité à l’époque du lycée, notre jeune Agnès fut orientée vers une spécialisation en arts plastiques, ce qui a dû être clownesque, car cette dernière avait le regard qui portait vers le théâtre. Ce qui ne l’empêcha pas toutefois de vouloir rejoindre une école d’arts plastiques.
En fait en cette période d’incertitude, de doute, de ressenti, déchirée entre les deux, ce seront la scène, le théâtre et le chant qui l’emporteront, sans pour autant abandonner le collage qui se révèle être un bon dérivatif. Il faut admettre que le métier de comédien est très exigeant et chronophage. Réjouissons-nous cependant que l’art du collage su résister au temps et mieux il est toujours présent même en alternance.
Comme tous les collagistes elle a fait de « l’art récup » bien avant que ce ne soit de mode, elle collecte les magazines, les revues, les éléments nécessaires pour réaliser un travail d’intention théâtrale et de mise en scène. Ses compositions se réfèrent de la vie au quotidien, les effets de l’actualité y sont présents, mais coté poétique nous y croisons des œuvres joaillières, florales, fragmentées, surréelles ou hellénistes.
Agnès Debord travaille ses collages spontanément, un peu à l’instinct, comme au théâtre elle compose ses petites pièces, ici et là nous rencontrons un jeu scénique, d’ailleurs il n’est pas rare qu’Agnès associe par thèmes la composition de ses collages.
Ainsi par exemple avec la pièce « Tempête » de William Shakespeare, pour laquelle une commande de collages lui fût passée et où elle établit un pont entre les deux disciplines pourtant bien éloignées et proches à la fois, car le théâtral est toujours présent.
Si les métiers de comédienne et de chanteuse l’emportent, le collage cependant reste très présent en expression périphérique.
Les expositions de ses travaux de collagiste ne manquent pas, pensons à Montmartre un des fiefs du collage où elle exposa à la Galerie Autour du feu, à la galerie Aleth Vignon, au théâtre de la Huchette, Librairie l’Astrée etc.
L’art, la vie, sont de perpétuelles comédies, dans cette esprit je vous renvoie aux collages d’Agnès Debord, ils vous susurreront à l’oreille que c’est dans le silence d’une œuvre que peut-être on peut retrouver le gout des miracles.
Le collage est une sorte de jardin de l’enfance où l’imaginaire prédomine vite sur l’ordinaire.
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