Un bouquet de Poésie pour la nouvelle année
Souffle inédit vous offre un bouquet de Poésie pour l’année 2024
Bonne année 2024 en Poésie !
En ces temps on a tellement besoin de cet art du langage qui traduit des émotions, crée des images et éveille des sensations! La poésie pour un monde meilleur…
Bouquet de Poésie
Eliane Hurtado
Peintre et Poétesse
Création
Je ne pense plus à rien quand je peins,
Sur ma toile blanche
Sans l’ombre d’un pli
Je pose mes enduits
Puis les multitudes comlorées s’étalent,
Avec mes couteaux et mes spatules
Je les juxtapose, les mélange,
Je n’entends plus rien,
Ma toile prend vie.
Comme une délivrance,
Le combat de la vie,
La joie, l’amour, la douleur
Prend fin.
Je termine par la couleur blanche,
Une signature discrète,
Une couche de vernis,
L’œuvre est finie.
La vie s’empare à nouveau de moi.
Photo de couverture @Eliane Hurtado
Michel Bénard
Peintre et Poète
Il ferme les yeux
Pour mieux préserver ses rêves,
Il est ce trait d’union
Entre le temporel et le spirituel,
Une élévation vers l’empyrée.
Ici, tout voudrait témoigner
De paix, de silence et de sérénité.
Il ferme les yeux
Pour mieux imaginer l’espérance
Au delta de la mort.
Dans une lueur d’orbe ocrée,
Un frémissement mystérieux
Se déploie comme le prélude
D’une beauté venue d’ailleurs.
Il ferme les yeux
Pour mieux protéger ses rêves
Avant qu’ils ne s’effacent,
Tout est si fragile !
Nicole Barrière
Vœux
La joie de chaque jour et l’amour
contre la solitude des images
Et nous ?
naufragés des espaces intolérants
Écrivons en mille langues, la joie
L’abri contre la violence
L’appel des jours de paix
des nuits ardentes avec la proximité des anges
de fidélité aux rêves
pour qu’à la prochaine rencontre
personne ne te sente étranger.
Mario Selvaggio
Feu d’origine
Suspendus aux voiles du désir
Nous suivons les lignes des couleurs
Les roseaux verts de miroir
Reflètent les lèvres du ciel
Orages de lampes sur la route
Nous marchons noyés dans le vent
Échelles de soie et de feu
Ébène de ton visage luisant
Brûlés par le feu d’origine
Nous crions les rêves d’enfance
Il fait nuit là-haut sur la lune
Carcasses d’objets sans temps
Nous comblons nos illusions
Au centre des routes cachées
Nous traçons les chemins
Le regard fixe sur l’étoile
Miroirs de halos et brouillard
La douleur du voyage perdu
Serre le feu de notre sang
Déluge de formes inconnues.
Rocío Durán-Barba
Résister
Résister c’est vivre
Marcher-Lutter-Poursuivre
Résister c’est aimer
Aimer la vie
La nôtre et celle d’autrui
Résister c’est créer
Danser-Sculpter-Peindre
Lorsque le déséquilibre règne
L’esprit faiblit
Le quotidien devient négatif
Le désir de prospérité s’efface
Résister
Résister c’est créer
Bâtir-filmer-chanter
Enfanter la musique
Quand les idéaux déclinent
L’espoir s’absente
La satiété matérielle connaît son summum
Les peuples souffrent
de chaos-myopie-dépression
Résister
Résister…
Irène Duboeuf
Silent woods
En écoutant Dvorak
opus 68 n.5
Un violoncelle
effleure le scintillement
des feuilles après la pluie.
Le bois est silencieux.
Dans le chaos des livres
qui recouvrent ma table
le portrait d’un poète
m’observe en souriant.
Sur le balcon,
l’oiseau ne doit rien au hasard :
sa présence unit le réel
à la profondeur invisible du monde.
Yves Bonnefoy
La vérité de parole
Navire d’un été,
Et toi comme à la proue, comme le temps s’achève,
Dépliant des étoffes peintes, parlant bas.
Dans ce rêve de mai
L’éternité montait parmi les fruits de l’arbre
Et je t’offrais le fruit qui illimite l’arbre
Sans angoisse ni mort, d’un monde partagé.
Vaguent au loin les morts au désert de l’écume,
Il n’est plus de désert puisque tout est en nous
Et il n’est plus de mort puisque mes lèvres touchent
L’eau d’une ressemblance éparse sur la mer.
Ô suffisance de l’été, je t’avais pure
Comme l’eau qu’a changée l’étoile, comme un bruit
D’écume sous nos pas d’où la blancheur du sable
Remonte pour bénir nos corps inéclairés.
…
Giovanni Dotoli
Notre histoire
Je n’avais plus de corps
Je n’avais plus de forme
Je ne craignais plus rien
Je labourais le ciel étoilé
Tu dansais du Ravel
Des notes de Beethoven
Je chantais le Te Deum
De la fête de la liberté
Je comprenais que le vide
Était l’abîme de l’Être
Qu’il faut en sortir vite
Pour rejoindre la barque
Le Temps se faisait enfance
Une énorme croisée au ciel
J’y soufflais ma mémoire
J’y jouais un air d’espace
Plus de tunnels
Plus de grottes
Plus de blocs
Plus de haine
Grégory Rateau
On a tous un paysage douloureux en mémoire
ici une barque
au repos sur le rivage
mouvement pétrifié
dans un entonnoir de vase
vaisseau fantôme sans destination
On a tous un rapport douloureux au temps
qui n’attend plus
même pas le passant que nous sommes
adossé et rêveur face au lac
le soleil fatigué d’attendre lui aussi
et déjà posé sur l’autre rive
Christophe Condello
Haikus
Pas une seconde
ne s’écoule
sans que je marche dans tes pas
*
Il y aura du vent
dans les branches de nos vies
des oiseaux picorent les doutes
*
Sous les nuages
des oies qui chantent
parcelles de lumière
*
Pèlerin
je suis
au carrefour des chemins
*
Tu es le pont
qui relie
toutes mes rives
*
Tu es la voix
de ceux et celles
qui n’en ont plus
Iren Mihaylova
Poème du recueil «Route sous l’oubli»
Ciel de ma mémoire
Nous étions trois assis sous l’Infini
Hirondelles atterries sur les fils-réverbères ;
La chaude lumière se baignant dans un fleuve
Traversant l’éternité
Nous étions trois assis sous l’Infini
En ce songe – oubliant l’hiver.
Dans ce rayon qui a surgi
Du trou de ma mémoire
Il y avait toujours
Une envolée d’Hier.
Souffle inédit vous offre un bouquet de Poésie
Sophia jamali soufi
Les fenêtres sont toujours ouvertes sur l’obscurité
Tu comptes tes respirations
dix ans
vingt ans
Quelques chapitres supplémentaires
Combien de mois reste-t-il avant la fin ?
Tu vois, tu es exilé
aux chagrins solitaires
Aux douleurs individuelles
Même les miroirs ne rient pas de ton sourire
Même les vents n’ont pas peur de vous décoiffer
tu ne sais pas
Tu devrais avoir peur ou tu devrais avoir espoir
Les fenêtres sont toujours ouvertes sur l’obscurité…
Rues banalisées
Des errances absurdes
La solitude danse dans ton cœur
Invasion
Le flot de souvenirs
Il te sera difficile de partir
Plus difficile de rester
Vous souvenez-vous de votre visage dans le miroir au coucher du soleil ?
Comment les yeux admettent-ils la solitude ?
L’espoir ne suffisait pas pour continuer à vivre
Pas assez
ferme tes yeux
Appuyez sur les blessures
Lève-toi du cœur des ténèbres
Peut-être que demain est un autre jour…
Moussa Sow – MUWOSSA
Erreur
Dis-moi où et quand, j’ai retiré la note de joie
Elles ne signifient plus rien, nos compositions
L’accord idéal de nos âmes, notre intuition
Si tu as une maladie incurable, dis-le-moi
Le but n’était pas alors de la tête au pied
Réponds aux inquiétudes qui freinent la marche
Ai-je commis la baudruche pour n’être qu’un pied
Ou devais-je salir Noé une fois dans son arche
Ne me dis pas que la souffrance est personnifiée
Que l’harmonie du début a perdu ses fans
Un futur est possible grâce à la pureté d’un hier
Je te perds sur mon brouillon musical
Tu domines le Do et le Mi de mon champ
Toujours sur le sol, je consomme mon mal vital
Lorenzo Caschetta
Fraîcheur
Pain rassis et soupe pour le dîner
juste la pensée d’autres soirs.
Elle aurait la nostalgie de ton corps
de ta voix actuelle
une fraîcheur de vent en août –
mais les questions faciles sont terminées.
Nous mettrons l’été de côté
Et nous revêtirons l’humeur d’octobre,
une musique moins facile à retenir
des nuits moins avenantes,
nous découvrirons la hausse du prix de l’électricité et du gaz
les voitures nouvellement sorties.
Les feuilles rouges et jaunes seront pure dépouille.
Nora Balile
Café léger
S’éveiller à l’aurore
Nous ne sommes que des étoiles endormies
Mon café brille ce matin de sa mousse légère
Une respiration ample comme une robe de soie éphémère
Marcher pieds nus sur une plage au sable rose
Je dévoile mon secret sur mon ventre en demi -pose
La beauté du ciel me dit que nous sommes des filles du vent
Ne pas donner la vie est une lumière
Devant l’éternité de l’océan
Danser à travers les pétales de ma singularité
Puis renaître
Le début d’une nouvelle épopée
M’enivrer de douceurs de miel et de thé à la menthe
Nous sommes reines d’un royaume sans enfants
Nous avançons fières et dignes
Les accoucheuses de liberté
Non mères, nous sommes des îles sans racines inhabitées
Si semblables des autres femmes
Comme une vague maternante
Honorer ces soleils
S’éveiller à l’aurore
Une majestueuse présence
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