Sandrine-Malika Charlemagne – La Traqueuse
Sandrine-Malika Charlemagne – Roman La Traqueuse
Par Djalila Dechache
La Traqueuse Sandrine-Malika Charlemagne, Avant-lire Jean-Pierre Bastid, roman Editions Velvet, collection Souffles 2024.
Dans un univers à l’apparence presque quotidienne, le lecteur accède peu à peu à deux mondes, l’un étant structuré en trois strates : l’Inter-monde, la Cité et ses Quartiers avec son école de Philosophie et le Tréfonds. Des personnages régissent ces lieux avec les Traqueurs, l’Envoyée, l’Index et une chatte nommée Sophos.
En parallèle, il y a le monde «réel» avec l’avocat Maître Ingard, Victor et son désir de puissance qui cherche à faire main basse sur le patrimoine de sa femme Alétheia en la débranchant des machines qui la maintiennent en vie. Elle est âgée d’une quarantaine, métis, tombée dans le coma depuis cinq ans. Quelques autres personnages tournent autour de ceux-ci.
Cette dernière était une femme d’affaires redoutable, brillante, elle a fondé il y a douze ans une société de robotique nommée I.A en référence à Isaac Asimov. Elle reste une femme forte, très dure en affaires et un «parangon de douceur avec les estropiés ».
Alètheia n’est encore morte c’est une non-morte dans l‘autre monde, elle est devenue une Traqueuse, une battante de premier ordre venue du Monde de la Cité. Elle vient de l’Inter-monde qui comme son nom l‘indique renferme des personnes ni mortes, ni vivantes dans un entre-deux, en attente.
Topographie de l’au-delà en poche, elle est amenée à traquer le philosophe Martin Heidegger dans l’Inter-monde. A ses côtés, Hannah Arendt fait son apparition également. N’ont-ils pas connu ensemble une histoire d’amour secrète dans la vraie vie, depuis les études de philosophie d’Hannah Arendt ?
Alètheia découvre que « pour aller ailleurs il faut appréhender d’autres croyances et éprouver beaucoup d‘empathie envers les personnes que l‘on désire visiter ».
Alètheia, signifie « Vérité » en grec ancien, est mue d’une force incroyable dans les deux mondes.
Il faut vraiment lire et vivre ce récit pour en ressentir les arcanes de sa quintessence et comprendre davantage ces deux mondes.
Ce qui est passionnant dans ce livre est que non seulement l’autrice nous donne un texte sans commune mesure ni ressemblance avec ce que l‘on peut lire de manière générale mais qu‘elle nous transporte nous lecteur, lectrice vers des horizons insoupçonnés, de la conscience et d’autres sphères mentales.
Son livre est une allégorie aussi puissante que celle de la Caverne de Platon que nous connaissons.
A mesure de la lecture nous constatons que nous vivons des choses communes avec notre quotidien, Dans notre société, nous recomposons les éléments de la fantasmagorie de l’autrice. C’est là la force de ce roman qui nous déplace pour mieux comprendre d’où nous sommes. Étrange sensation, si près, si loin de la réalité.
De plus Sandrine-Malika Charlemagne est une lectrice elle-même, son livre est plein de références littéraires, philosophiques et cinématographiques.
Son livre pourrait être une pièce de théâtre, une Bande dessinée et aussi un film fantastique d’une acuité particulière féminine.
Sandrine-Malika Charlemagne est écrivaine, comédienne et documentariste, elle écrit des romans, du théâtre et de la poésie, La Traqueuse est son quatrième roman.
Sensible à l’Algérie, elle a terminé un nouveau film documentaire avec le réalisateur Jean Asselmeyer, intitulé « Deux vies pour l’Algérie et tous les damnés de la terre » .
Photos : Crédits page FB de l’artiste
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