Coup de coeur

Rendez justice aux vrais traducteurs

Les vrais Traducteurs

Rendez justice aux vrais traducteurs

Le philosophe traducteur Karray Aouichaoui traduit  Métaphysique du bonheur réel d’Alain Badiou 

Les jeudis littéraires d’Aymen Hacen

Il faut être inconscient ou malhonnête pour mépriser le travail de traduction et, à travers lui, des traducteurs. Le monde dit moderne n’aura jamais existé sans cet acte fondateur et fondamental qu’est la traduction. Nous ne louerons jamais assez l’importance, historique, de Beit al-Hikma, à Bagdad, dont le l’œuvre magistrale a été de permettre au savoir minuscule des nations de devenir le Savoir, avec la majuscule et la maestria qui s’y doivent.

Oui, traduire, c’est vivre, revivre, donner à lire et surtout en permettre l’existence. Telle est notre vision existentielle du travail ingrat du traducteur.

Mais c’est un traducteur qui, ici, témoignera.

La lettre du traducteur 

À la lettre, notre camarade et ami, le philosophe traducteur, le « Dr Karray Aouichaoui », vient d’être littéralement berné par un faux éditeur qui a, en quelques préjudices, mis à mort son travail de traducteur :

  1. Non seulement il n’a pas eu de contact ni d’exemplaires d’auteur, mais encore il n’a pas eu droit à ses droits textuels les plus normaux, parmi lesquels sa dédicace à sa défunte fille.
  2. Le livre ne ressemble en rien à un livre, car, en le prenant entre les mains, il semble médiocre, voire risible par rapport à la version française. Expliquons-nous : là où les faux éditeurs font des économies, les vrais respectent la pagination entre pages paires, impaires et le reste. Le plaisir de lire n’étant pas, jamais, négociable.
  3. Il n’est nul contrat entre cette prétendue maison d’édition, «  صفحة V », soit Page 7, en français. Or, vraiment, cela aurait été génial de découvrir une page 7 digne de ce nom, comme dans le film de Woody Allen, Hannah et ses sœurs, qui a inspiré un prix éphémère, le Prix de la page 112.

Mais ce qui fait le plus mal, ce sont les mensonges et les absences à répétition d’un éditeur qui, somme toute, berne d’autres gens par les travaux qu’il s’attribue en tant que faux chercheur de têtes.

Karray Aouichaoui traduit d’Alain Badiou sa Métaphysique du bonheur réel Les vrais Traducteurs. Karray Aouichaoui traduit d’Alain Badiou sa Métaphysique du bonheur réel

Têtes, grosses têtes et littérature

À en croire les réseaux sociaux, les mensonges d’État, les fondations indignes de ce nom, traduire ou œuvrer dans la traduction fait gagner cent et mille. Mais ni Karray Aouichaoui, auteur de plusieurs publications aussi brillantes qu’exigeantes, sans parler d’autres collègues et, peut-être, amis, eux aussi lauréats de prestigieux prix chez leurs frères du Golfe, qui valent un peu plus que leur pesant d’or, ne sont pas reconnus à leur juste valeur. C’est que le masque tombe et l’homme reste, comme la mauvaise traduction tombe et le texte meurt. Ah ! Comment cela se fait-il ? C’est simple comme lorsque Karray Aouichaoui traduit d’Alain Badiou sa Métaphysique du bonheur réel, comme si cet acte était normal, lui-même un acte d’amour, de vie, de passion et peut-être de survie.

Mais qui va survivre à un tel acte ? Le petit Monde arabe affairé, capable d’écrire un truc en guise d’article pour parler du livre en français, sans vraiment maîtriser ni cette langue ni quoi que soit, n’a-t-il pas honte ? Oui, oui, oui et mille fois oui. Au nom de ma lecture de la traduction de Badiou par Aouichaoui, je voudrais m’en remettre à d’autres collègues et amis traducteurs, un couple, car le livre évoque le « bonheur réel », Omézine Ben Chikha et Fathi Meskini.

Cette phrase, de Badiou, en dira long, qui plus est, elle cite le poète aux semelles de vent : « Le poète français Arthur Rimbaud a écrit : “La vraie vie est absente.” Tout ce que je tente ici d’affirmer se résume à ceci : c’est à vous de décider que la vraie vie est présente. Choisissez le nouveau bonheur, et payez-en le prix ! » (p. 55)

Un espoir

À vrai dire, je n’en vois aucun tant que les éditeurs, français et arabes, dans le domaine que je crois connaître, continuent à manœuvrer et pas du tout à œuvrer et à exceller dans le bon sens du terme. Observez ce qu’un éditeur, comme Actes Sud, fait ou méfait à travers la collection Sindbad. C’est à en, ne pas dormir, mais mourir debout, tant les traducteurs engagés par la maison, qu’elle fasse confiance à messire Mardam ou non (car elle a eu souvent raison de lui signifier son incompétence), font preuve de maladresse à l’égard de la littérature qu’ils font semblant de traduire.

Nous avons annoncé l’espoir, mais c’est le désespoir de la littérature qui est à l’œuvre. L’argent, le gain facile sur le dos des intelligents, l’arnaque, encore, encore et toujours, voilà tout. Pour eux. Mais pas pour nous. Nous, oui, à travers nos modestes sérieux travaux, nous sommes l’espoir.

Aymen Hacen

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